Publications

La liste comprend les références de publications pertinentes à la thématique du GRMJ réalisées par les étudiants et professeurs membres actuels ou passés du groupe. La liste des autres publications des chercheurs responsables du groupe peut être consultée dans leurs curriculum vitae respectifs. Chaque référence mène au résumé ou au texte complet.

BASTIEN, Frédérick, CHARRON, Jean, DE BONVILLE, Jean, DARISSE, Cyntia et SAUVAGEAU, Florian. « Les parlementaires de l’Assemblée nationale et les médias : consommation et perception ». Cahiers-Médias, no. 21. Québec : Centre d’études sur les médias, 2011. 88 p.

Résumé


Ce rapport présente les résultats d’une enquête réalisée auprès de députés qui ont siégé à l’Assemblée nationale du Québec à un moment ou à un autre entre 1956 et 2009. L’enquête porte sur l’évolution depuis plus de 50 ans de la consommation médiatique des parlementaires et leur perception de l’influence et de la qualité des médias québécois. Les résultats montrent que les membres de l’Assemblée nationale ont des besoins en matière d’information sur l’actualité qui diffèrent sensiblement de ceux de la population en général, et ce, tant dans la quantité que dans le type de médias consommés. Les parlementaires ont aussi été interrogés sur l’impact de nouvelles pratiques et avancées médiatiques telles que la télédiffusion des débats, les chaînes d’information en continu et Internet. Sur ces questions comme sur l’évaluation plus générale qu’ils font de la qualité des médias et de leur influence, les parlementaires québécois portent un jugement nuancé, bien qu’ils soient souvent plus sévères en ce qui concerne le compte-rendu fait par les médias de leur propre travail.

BRIN, Colette. « L’organisation médiatique et le changement des pratiques journalistiques: adaptation, innovation et réforme ». In CRÊTE, Jean. La science politique au Québec: le dernier des maîtres fondateurs. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 2003. P. 417-431.

Résumé


L’organisation médiatique, souvent considérée dans les études en communication de masse comme un facteur de stabilité, voire de conservatisme, n’en est pas moins un terrain privilégié pour observer et comprendre les transformations récentes des pratiques journalistiques. À partir d’une recension des travaux pertinents et de sa propre étude de la mise en oeuvre d’un plan de couverture électorale à la télévision de Radio-Canada, l’auteure conçoit l’organisation comme principal lieu d’actualisation des pratiques journalistiques et souligne l’importance d’une contribution volontaire des acteurs organisationnels au changement.

BRIN, Colette. « L’influence stratégique des journalistes politiques dans un contexte de tension normative : la couverture électorale à la télévision de Radio-Canada ». Les Cahiers du journalisme, no. 8 (décembre 2000), p. 44-58.

Résumé


Cet article examine l’influence particulière des journalistes politiques de la télévision de Radio-Canada relativement à l’application d’un projet de couverture « innovateur » mis de l’avant par la direction de l’information lors de la campagne électorale fédérale de 1997. Dans leur interaction avec leurs collègues, les courriéristes parlementaires disposent à la fois d’un statut d’expert et d’un accès privilégié aux sources dominantes de la campagne que sont les chefs politiques. Or au-delà du projet ponctuel, cette position avantageuse semble menacée par trois nouvelles tendances à l’interne : la dévalorisation du politique comme thème journalistique, la recherche de sources d’information alternatives et l’émergence d’une expertise journalistique concurrente en contexte électoral, celle des journalistes économiques. Enfin, l’article propose une nouvelle typologie des valeurs journalistiques (critères de « newsworthiness ») qui montre la tension normative qu’entraîne cette nouvelle dynamique de l’information électorale.

BRIN, Colette et AUGEY, Dominique. « Media and Manias : News and Economic Decision-Making ». 6th World Media Economics Conference Proceedings, Centre d’études sur les médias, 2004. Publication numérique sur CD-Rom et en ligne.

Résumé


This paper proposes an interdisciplinary framework of mass communication and economic theory to examine the role of the media in economic decision-making. The recent expansion of business-financial news in the massmedia and the development of specialized information sources for the general public is linked to the democratization of the stock market, which is related to the development of managerial capitalism. Speculative bubbles are also examined in this context of general economic transformation. Media coverage of the 2000 speculative bubble in France and Quebec illustrates the double trend of « economization » of media discourse and « popularization » of business-financial news.

BRIN, Colette et DROLET, Geneviève. « Tabloid nouveau genre : format change and news content in Quebec City’s Le Soleil ». Journalism Practice, vol. 2, no. 3 (octobre 2008), p. 386-401.

Résumé


Faced with growing competition and dwindling readership, especially among young people, some metropolitan newspapers have switched from a broadsheet to a smaller, easier to handle format. This strategy has been successful at least in the short term, and has been applied recently in Quebec in small-market newspapers owned by the Gesca chain. In April 2006, Le Soleil, the second-largest daily of the group, adopted a compact format and new design, accompanied by new content sections, changes in newsroom staff and management, as well as an elaborate marketing plan. In announcing the change to its readers, an article by the editor-in-chief focussed on adapting the newspaper’s content to readers’ lifestyles and interests, as well as developing interactivity. The plan was met with some resistance in the newsroom and among readers. Based on a theoretical model of long-term change in journalism, briefly exposed in the article, this study analyzes this case as it compares to the « communication journalism » paradigm. Specifically, it examines how tensions between competing conceptions of journalism are manifest in Le Soleil’s own coverage of the format change.

BRIN, Colette et GERVAIS, Michèle. « Informer les consommateurs: l’expérience individuelle et l’expertise critique ». In BRIN, C.,CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004. P. 397-425.

Résumé


Le journalisme de consommation, qui suscite un réel intérêt du public, semble avoir été un terrain propice à l’innovation sur le plan journalistique. C’est peut-être pour cette raison qu’il est parfois suspecté de confondre l’information, le divertissement et la promotion. Les auteures analysent deux magazines télévisés consacrés à la consommation, produits et diffusés par la Société Radio-Canada à 25 ans d’intervalle : Consommateurs avertis, émission fort populaire, la première du genre à la SRC et diffusée entre 1970 et 1978, et La Facture, diffusé depuis 1995 et qui, fait rare pour un magazine d’information, s’est taillé une place parmi les émissions de télévision les plus regardées au Québec, tous genres confondus. La relative « légèreté » des sujets semble procurer aux artisans de ces magazines une plus grande marge de manoeuvre pour l’innovation. Les deux émissions se présentent en effet comme originales et novatrices, voire audacieuses dans le style, le ton et le contenu. Au-delà de leurs similitudes qui les caractérisent, les deux émissions présentent dans le traitement de l’information, dans le dispositif de l’émission et dans la mise en scène des reportages des différences significatives qui témoignent des transformations qui affectent plus largement les pratiques journalistiques. Rétrospectivement, en effet, le journalisme légèrement audacieux de Consommateur avertis apparaît, selon les critères d’aujourd’hui, plutôt conservateur et ancré dans la tradition du journalisme d’information. Quant à La Facture, on y observe des tendances typiques du journalisme contemporain. Le rôle central que joue le journaliste dans la trame du reportage et le fait de construire les reportages sur la base des points de vue des consommateurs plutôt que de celui, plus officiel, des institutions et des experts sont symptomatiques d’une reconfiguration plus générale du rapport entre le public, les journalistes (les médias) et les institutions, reconfiguration qui traverse tout le journalisme contemporain.

BROUSTAU, Nadège. « Comment définir une représentation médiatique? De la décentration à la trajectoire argumentative ». Site de l’Association lyonnaise des étudiants chercheurs en sciences de l’information et de la communication (ALEC-SIC), Université Lyon 3, Équipe de recherche de Lyon en sciences de l’information et de la communication (ELICO), 2008. 10 p.

Résumé


Cet article propose une piste pour définir le concept de représentation médiatique à partir de l’étude du traitement argumentatif de l’affaire Elián González dans la presse américaine (Broustau, 2007). Cette étude doctorale porte sur les éditoriaux et les chroniques parus entre novembre 1999 et juin 2000 dans trois journaux états-uniens : le Miami Herald, le Washington Post et le New York Times.

BROUSTAU, Nadège et CÔTÉ, Laurence. « Reconfiguration des interactions professionnelles entre relationnistes et journalistes : une analyse du milieu culturel québécois ». Les Cahiers du journalisme, no. 26 (2014), p.72-92.

Résumé


Cet article présente la première étape d’une recherche en cours portant sur l’évolution des interactions professionnelles entre les professionnels des relations publiques (relationnistes) et les journalistes du milieu artistique et culturel au Québec. Empreint d’une forte préoccupation assumée pour le maintien et le développement social de la sphère des arts et de la culture, ce milieu est traversé de coopérations plus ou moins tacites qui modèlent la répartition des rôles entre les groupes professionnels en jeu, notamment sur le plan de la communication publique. Dans ce contexte, quelles stratégies régissent les interactions entre relationnistes et journalistes au fil du temps et comment se manifestent-elles ? Partant de l’hypothèse d’une reconfiguration des interactions professionnelles entre relationnistes et journalistes, et à travers l’analyse des postures discursives des acteurs sociaux à l’égard de leurs pratiques professionnelles, la recherche menée tente de mettre en lumière les compétences réciproques et spécifiques que s’approprient les deux groupes professionnels, les transferts de normes et de savoir-faire à l’œuvre, ainsi que les perceptions de rôles et du changement de part et d’autre. Elle s’inscrit dans une perspective socio-historique allant des années 1970, marquées par une accentuation de la présence régulière des relationnistes dans les organisations et, de fait, de leur influence dans les discours publics, jusqu’à l’utilisation des nouvelles technologies numériques, des médias socionumériques en particulier, dans les années 2010. L’étape menée, à visée exploratoire, s’attache à ces derniers et montre deux potentiels déplacements de rôles liés aux relations avec les publics et à la position de ceux-ci : un déplacement des figures du commentateur et du médiateur ainsi qu’un déplacement de la figure de l’initiateur de parole.

BROUSTAU, Nadège, JEANNE-PERRIER, Valérie, LE CAM, Florence et PEREIRA, Fabio Henrique. « L’entretien de recherche avec des journalistes. Propos introductifs ». Introduction du numéro de lancement de la revue Sur le journalisme – About Journalism – Sobre Jornalismo (2012), 12 p.

BROUSTAU, Nadège, JEANNE-PERRIER, Valérie, LE CAM, Florence et PEREIRA, Fabio Henrique. « Chercheur en collectifs, entretiens en commun. Propos de Bernard Lahire ». Numéro de lancement de la revue Sur le journalisme – About Journalism – Sobre Jornalismo (2012), 14 p.

Résumé


Professeur de sociologie à l’École normale supérieure de Lyon (France) et responsable de l’équipe « Dispositions, pouvoirs, cultures, socialisations » au sein du Centre Max Weber, Bernard Lahire a mené de nombreuses enquêtes liées à l’analyse de trajectoires individuelles autour de métiers ou d’activités socio-culturelles. Ses multiples travaux recourent à diverses approches méthodologiques, mais qui reposent, pour la plupart, sur la rencontre avec la parole de l’individu, parole récoltée lors de longues rencontres. Bernard Lahire a accepté de revenir sur sa pratique des entretiens, la place qu’il a pu leur accorder dans les travaux qu’il a menés ces dernières années. Ce texte, fruit d’un échange de courriers électroniques, se concentre sur une pratique singulière, la réalisation d’entretiens de recherche par des collectifs de chercheurs. Bernard Lahire explicite son recours à des collectifs de chercheurs, qu’il guide et anime, de la problématisation de la recherche à l’analyse des données recueillies. Cette pratique singulière permet non seulement de démultiplier le recueil d’informations, mais elle nous révèle aussi des manières de penser et d’analyser qui s’enrichissent par la transversalité des pratiques et des postures de chacun.

BROUSTAU, Nadège en collaboration avec POUPART, Jean (auteur). « Douze clés en situation d’entretien ». Numéro de lancement de la revue Sur le journalisme – About Journalism – Sobre Jornalismo (2012), 16 p.

BROUSTAU, Nadège et LE CAM, Florence. « Enlightening Induction in Journalism Studies. A Perspective for Researchers and Research ». Annual conference, Canadian Association of Communication. Université York, Toronto (1er juin-3 juin 2008). 18 p.

Résumé


As researchers in journalism studies, we are always confronted with difficulties of empirical studies. How can we better know what is happening for and from the actors? What can we say about their discourses and practices? The challenge for the analysis is to take distance from the sequence of daily events and to produce a scientific knowledge about media and journalism. For this purpose, we have both used an inductive perspective as an epistemological position as well as a methodological concern. Our text presents this approach from its controversy in philosophy of science, to its explanation in methodological handbooks. To make clear the way induction can really be an original and rigorous approach, we illustrate it with the results of our two Ph. D theses on media and journalism.

CHARRON, Jean. « Information et opinion. Où se trouve l’équilibre ? ». Actes. Colloque sur la démocratie, les députés et les médias. Québec : Assemblée nationale du Québec, 2012. P. 36-44.

CHARRON, Jean. « Médias et sources : les limites du modèle de l’agenda-setting ». In MERCIER, Arnaud, (dir.). Le journalisme. Paris : CNRS Éditions. 2009. Coll. Les Essentiels d’Hermès.

Résumé


Extraits choisis du texte du texte du même nom (Charron, 1995b).

CHARRON, Jean. « Journalisme, politique et discours rapporté : évolution des modalités de la citation dans la presse écrite au Québec : 1945-1995 ». Politique et sociétés, vol. 25, no 1-2 (2006a), p. 147-181.

Résumé


Partant du postulat selon lequel tout discours est marqué par l’identité sociale de celui qui l’énonce, nous recherchons dans le discours journalistique, et plus particulièrement dans les formes du discours rapporté, les traces linguistiques de la « position » que se donnent les journalistes face aux acteurs politiques dont ils rapportent les propos. L’analyse d’un corpus d’articles de nouvelles portant sur la politique et publiés par deux quotidiens québécois, La Presse et Le Devoir, entre 1945 et 1995 fait voir les traces linguistiques d’un profond changement dans les relations entre les journalistes et les acteurs politiques.

CHARRON, Jean. « Subjectivation du discours du journalisme politique au Québec, 1945-1995 ». Mots. Les langages du politique, no. 82 (2006b), p. 81-94.

Résumé


L’article présente quelques résultats d’une recherche empirique qui porte sur le processus de subjectivation du discours politique de la presse écrite québécoise entre 1945 et 1995. À partir de quatre indicateurs linguistiques de subjectivité énonciative (attributions d’état psychologique, connecteurs logiques, modalités subjectives et énoncés prospectifs) observés sur un grand échantillon d’articles de nouvelles portant sur la politique, l’article montre qu’à partir des années 1960 et 1970, les journalistes ont recours à une énonciation de plus en plus marquée du sceau de la subjectivité.

CHARRON, Jean. « Journalisme et démocratie ». In Guilbert, L. Médiations et processus culturels. Québec : PUL, 2004. Coll. Culture française d’Amérique. P. 159-170.

Résumé


Le contrat qui lie le journalisme à la démocratie repose, depuis plus d’un siècle, sur cinq grands principes : l’objectivité de l’information, l’intérêt public des objets d’information, le caractère universel du public auquel cette information est destinée, le service public et la spécificité du journalisme en tant que discours public. Cependant, ces principes, constitutifs de l’idéal du journalisme d’information, sont aujourd’hui remis en question par les journalistes eux-mêmes qui, en cherchant à adapter leur pratique aux transformations qui affectent l’industrie des médias (innovations technologiques accélérées, multiplication des support, morcellement des publics, hyperconcurrence, financiarisation de la propriété, convergence, mondialisation, etc.) s’écartent du modèle traditionnel et tendent à redéfinir les modalités d’exercice de leur fonction de médiation dans l’espace public.

CHARRON, Jean. La nature politique du journalisme politique. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2000a. Coll. Études de communication publique. No. 15, 55 p.

Résumé


Les journalistes politiques tiennent un discours qui est doublement « politique » : non seulement la politique (les affaires de l’État et l’état des « affaires ») est leur référent, mais les formes, les fonctions et les finalités de ce discours comportent des dimensions fondamentalement politiques. Un grand nombre de travaux en sociologie de l’information visent à prendre la (une) mesure de la dimension « politique » du journalisme et de l’information, c’est-à-dire à dégager la contribution de l’information à la structuration et l’exercice du pouvoir dans la société, de manière à poser un diagnostic sur la fonction et le fonctionnement du journalisme et sur les rapports d’influence complexes qui le conditionne. Cette monographie donne un aperçu de la manière dont le problème de la nature « politique » du journalisme politique a été posé dans les travaux qui portent sur le processus de production journalistique (par opposition aux travaux sur le produit journalistique lui-même ou sur ses effets, qui sont ici exclus du propos). Pour les uns, la nature politique du journalisme tient surtout aux préférences politiques et aux caractéristiques socio-démographiques des journalistes eux-mêmes ; pour d’autres elle tient au mode de fonctionnement des médias en tant qu’organisation ; pour d’autres encore elle tient à l’influence que les élites exercent sur la production de l’actualité ou encore aux intérêts financiers des propriétaires des médias.

CHARRON, Jean. « Parler de soi en faisant parler les autres. Identité journalistique et discours rapporté ». In RIEFFEL, Rémy et WATINE, Thierry. Les mutations du journalisme en France et au Québec. Paris: Éditions Panthéon Assas, 2000b. P. 83-117.

Résumé


Un texte de nouvelle dans un journal n’est pas seulement une mise en représentation d’un événement ou d’une situation d’actualité, c’est aussi un lieu de mise en représentation du journaliste lui-même, un lieu de construction et d’affirmation de son identité. Suivant ce postulat, l’auteur étudie à travers les transformations de certaines caractéristiques du discours de presse, l’évolution depuis 1945 de l’identité sociale des journalistes politiques québécois. Plus précisément, il recherche des traces d’un processus de subjectivation du discours de presse en examinant la manière dont les journalistes québécois rapportent le discours des personnalités publiques dans les textes de nouvelles. Entre 1945 et 1995, l’usage du discours rapporté dans le discours de presse montre une tendance des journalistes politiques québécois à revendiquer la maîtrise d’oeuvre de la construction de l’actualité. Au début de la période, le journaliste se contente d’enregistrer le discours des sources politiques officielles et de le consigner dans des articles de nouvelles qui ont les apparences d’un procès-verbal. Le journaliste n’est pas, à proprement parler, un acteur et sa participation au grand jeu de la communication est essentiellement instrumentale. Progressivement, à partir des années 60 et 70, le journaliste se fait le metteur en scène de la réalité politique. Il utilise le discours d’autrui comme un ingrédient qui entre dans une composition qui est la sienne propre. Il affiche, dans son énonciation, sa qualité de sujet et d’acteur et revendique une compétence professionnelle qui l’autorise à produire, au profit de ses lecteurs, une représentation de la réalité politique. La valeur de son discours ne repose plus sur un principe d’objectivité en vertu duquel le réel s’impose naturellement à l’observateur honnête, mais plutôt sur l’idée que le réel doit être « construit » par un « travail » compétent d’analyse et de critique. C’est pourquoi, en ayant recours à une rhétorique d’expertise critique, les journalistes s’emploient à semer dans leur énonciation des traces de ce travail compétent de construction.

CHARRON, Jean. « La reconnaissance du pouvoir symbolique des journalistes politiques : une question de rhétorique ». Hermès, no. 16 (1995a), p. 229-240.

Résumé


L’article analyse des stratégies mises en oeuvre par les journalistes politiques en poste à l’Assemblée nationale du Québec pour faire reconnaître leur pouvoir symbolique dans le jeu de la communication politique. Ces stratégies, qui sont tributaires de la position des journalistes dans le système d’interaction propre à leur domaine de spécialisation, s’actualisent à travers une double rhétorique d’objectivité et d’expertise critique et à travers un mode de régulation de la couverture des affaires publiques fondé sur la collaboration entre les journalistes parlementaires.

CHARRON, Jean. « Les médias et les sources : les limites du modèle de l’agenda-setting ». Hermès, nos. 17-18 (1995b), p. 73-92.

Résumé


La recherche empirique contemporaine sur les effets des médias a conduit à l’élaboration du modèle de l’« agenda-setting », selon lequel les médias influenceraient l’ordre du jour des débats publics. Ce modèle a connu un tel succès auprès des chercheurs (particulièrement aux États-Unis) que plusieurs auteurs ont proposé récemment d’étendre le champ d’application de ce modèle pour en faire un cadre conceptuel général et unificateur pour l’étude des processus d’influence dans la communication politique. Cet article critique cette extension du modèle et en souligne les limites, en regard particulièrement de la question des relations d’influence entre les journalistes et les sources politiques.

CHARRON, Jean. La production de l’actualité : une analyse stratégique des relations entre la presse parlementaire et les autorités politiques au Québec. Montréal : Boréal, 1994. 446 p.

Résumé


L’ouvrage consiste en une analyse stratégique des relations entre les membres de l’Assemblée nationale du Québec et les journalistes parlementaires. Ces acteurs forment un système d’action, c’est-à-dire un ensemble d’acteurs liés par des rapports d’interdépendance et dont les actions sont coordonnées par des mécanismes de régulation qui permettent à l’ensemble de se maintenir. Ce système donne lieu à un jeu de négociation implicite et informelle au cours duquel les acteurs procèdent à des échanges : les journalistes recherchent de l’information auprès des sources politiques et celles-ci recherchent auprès des journalistes un accès à l’espace public. A la dimension coopérative de l’échange s’ajoute une dimension conflictuelle : chacun tente de maintenir, à l’encontre de l’autre, le contrôle qu’il exerce sur la production de l’actualité politique et d’orienter le comportement de l’autre dans le sens de ses préférences. A partir d’observations et d’entrevues, l’ouvrage décrit les stratégies et les tactiques que les acteurs mettent en oeuvre pour maintenir ce contrôle ainsi que les règles du jeu auxquelles ils doivent se conformer pour que les échanges puissent se poursuivre malgré l’opposition des intérêts. On montre notamment que les acteurs ont recours à des stratégies asymétriques par lesquelles ils tentent d’équilibrer le rapport d’influence. Les sources politiques cherchent principalement à accroître la dépendance des journalistes parlementaires sans chercher à diminuer leur propre dépendance ; les journalistes optent plutôt pour une stratégie inverse : ils cherchent principalement à diminuer leur propre dépendance sans chercher à accroître celle des sources politiques. On aborde en outre le rôle que jouent les attachés de presse dans la négociation ainsi que les mécanismes de gestion des conflits entre les journalistes parlementaires et les élus.

CHARRON, Jean. « Les relations entre les partis politiques et les médias lors des campagnes électorales au Québec ». In Fletcher, Frederick J. Sous l’oeil des journalistes. La couverture des élections au Canada. Toronto ; Oxford : Dundurn Press ; Montréal : Wilson & Lafleur, 1991. P. 91-166.

Résumé


Ce chapitre est un rapport produit pour la Commission royale d’enquête sur la réforme électorale et le financement des partis. Il relate l’évolution depuis les années 50 des relations entre les médias et les partis politiques lors des campagnes électorales provinciales et fédérales au Québec.

CHARRON, Jean. « Relations between journalists and public relations practitioners : cooperation, conflict and negotiation ». Canadian journal of communication, vol. 14, no. 2 (1989), p. 41-54.

Résumé


Les relations entre les journalistes et les relationnistes sont à la fois coopératives et conflictuelles et impliquent un double jeu de négociation : il y a marchandage et échange de ressources, et il y a négociation autour des règles qui régissent cet échange. L’article examine quelques hypothèses à propos des tactiques et des stratégies des acteurs.

CHARRON, Jean et BASTIEN, Frédérick. « Les parlementaires québécois et Le Devoir dans le monde des médias ». Communication, vol. 29, no. 2 (2012), 18 p.

Résumé


L’article présente quelques résultats d’une enquête menée auprès des parlementaires siégeant ou ayant siégé à l’Assemblée nationale du Québec depuis les années 1950 et portant sur leur consommation médiatique. Ces résultats permettent de situer le quotidien montréalais Le Devoir parmi l’ensemble des médias québécois en explorant l’importance du journal dans les habitudes de consommation médiatique des parlementaires et l’évaluation que ces élus en font. Les auteurs comparent les comportements et les attitudes des parlementaires à l’égard de ce journal avec ceux qu’ils entretiennent à l’égard des autres publications et ils se demandent si l’attitude des parlementaires à l’égard du Devoir a changé d’une génération à l’autre.

CHARRON, Jean et DARISSE, Cyntia. « Les parlementaires, de très grands consommateurs d’information ». Bulletin de l’Amicale, vol. 12, no. 1 (2011), p. 58-60. Québec, Assemblée nationale, Amicale des anciens parlementaires.

Résumé


Le 19 mai 2010, le directeur du Centre d’étude sur les médias, le journaliste Florian Sauvageau, présentait les faits saillants d’une étude menée en 2009 auprès des députés et anciens députés de l’Assemblée nationale du Québec sur leurs habitudes de consommation d’information. Ce texte en présente les faits saillants.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE Jean. « Numéro thématique sur Le Devoir ». Communication, vol. 29, no. 2 (2012).

CHARRON, Jean, DE BONVILLE, Jean et DUBOIS, Judith (dir.). Points de vue sur un journal en mouvement : six études sur Le Devoir (1910-2010). Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2012. Études de communication publique. No. 19.

Résumé


Le quotidien montréalais Le Devoir a été fondé en 1910. Six études abordent autant d’aspects de l’évolution du journal. La première porte sur l’autopromotion que Le Devoir destine à ses annonceurs potentiels dans des publications spécialisées, entre 1910 et le milieu du XXe siècle. Le Devoir s’y présente comme un journal d’idées visant un public de choix. L’étude suivante porte sur la manière dont Le Devoir a traité le lancement, en 1948, de « Refus global », un manifeste de jeunes artistes montréalais. Son traitement de l’événement se révèle très différent de celui des autres quotidiens montréalais de langue française, Le Canada, Montréal-Matin et La Presse. La troisième étude s’intéresse à l’évolution de la caricature dans Le Devoir depuis les années 1950 et, tout particulièrement, au style des principaux caricaturistes, Robert LaPalme, Roland Berthiaume, Serge Chapleau et Michel Garneau. Les auteurs de la quatrième étude se demandent si le mythe du journaliste mal payé et surchargé, qu’on accole aux artisans du Devoir, est fondé dans les faits. L’analyse des conventions collectives fait ressortir une image plus nuancée des conditions de travail des journalistes du Devoir, en comparaison avec leurs collègues d’autres quotidiens. La cinquième étude s’intéresse au lectorat du Devoir, plus particulièrement au public du journal au sein de la population universitaire. Une enquête par sondage auprès d’un échantillon d’étudiants de premier cycle montre que les lecteurs du Devoir constituent une minorité aux traits distinctifs. La dernière étude porte sur la manière dont Le Devoir a positionné son site d’information ledevoir.com. La stratégie du Devoir semble avoir été fructueuse, même si elle n’obéissait pas rigoureusement aux règles de ce marché naissant.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean avec la collaboration de Colette BRIN et de Florian SAUVAGEAU. De la théorie au terrain: modèle explicatif de l’évolution du journal télévisé au Québec. Québec: Département d’information et de communication, Université Laval, 2005. Coll. Études de communication publique. No. 18.

Résumé


Défini comme un ensemble de pratiques discursives médiatisées visant la représentation de l’environnement naturel ou social, le journalisme est soumis à l’influence de plusieurs facteurs exogènes, d’ordre socioculturel, politique, technique ou économique, qui en expliquent les changements les plus significatifs. À partir de cette définition, le premier chapitre présente quatorze paramètres susceptibles de contribuer à l’explication du changement dans le journalisme et décrit deux modalités par lesquelles ce changement advient. Le journal télévisé présente un objet particulièrement intéressant pour étudier le changement dans le journalisme, puisqu’il permet d’observer la genèse et l’évolution d’un nouveau genre médiatique. Au Québec, l’évolution peut se diviser un cinq périodes d’égale longueur. La première décennie est caractérisée par l’hybridation de genres anciens, comme le journal radiophonique et les actualités filmées, avec le nouveau média et par l’institutionnalisation de nouvelles pratiques. L’instauration de la concurrence entre radiodiffuseur public et télévision privée, au début des années 1960, coïncide avec des changements socioculturels importants au Québec. Cette conjoncture favorise l’expérimentation de nouvelles formules. Au cours de la décennie suivante, l’intensification de la concurrence et des améliorations techniques dans le matériel de reportage amènent l’introduction de nouveaux styles de présentation et la multiplication des reportages. Dans les années 1980, l’augmentation de l’offre médiatique oblige les responsables du journal télévisé à expérimenter des formules nouvelles, qui font une plus grande place aux goûts et aux préoccupations du public. Le processus s’accélère au cours de la décennie suivante, tandis que la généralisation du reportage en direct et en continu oblige le journal télévisé, sinon à se définir, du moins à se positionner différemment. Ce modèle d’évolution, qui occupe le deuxième chapitre, s’appuie sur des facteurs explicatifs généraux, exposés dans le dernier chapitre, qui rendent compte aussi bien du changement que de la stabilité des pratiques journalistiques et fait appel à des concepts opératoires, ceux d’agents et d’acteurs sociaux, et de paradigme journalistique en particulier.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « La notion de paradigme journalistique: aspects théorique et empirique ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004a. P. 33-55.

Résumé


Les auteurs analysent les implications théoriques et méthodologiques du concept de paradigme journalistique. Empruntée à la linguistique et à la théorie des révolutions scientifiques de Thomas Kuhn (La structure des révolutions scientifiques. Paris : Flammarion, 1983) la notion de paradigme suggère l’idée d’un système normatif de référence, d’un ensemble de modèles pratiques reproductibles par imitation. Un paradigme journalistique est constitué du code de production discursive incorporé par les journalistes et du répertoire de schémas cognitifs acquis par l’expérience et l’imitation qui conditionnent la « lecture » et l’interprétation du réel. Ainsi on peut dire, par analogie et en schématisant, que le journaliste apprend à concevoir et à produire un reportage ou une chronique à propos d’un référent quelconque en suivant des exemples paradigmatiques, un peu à la manière dont on apprend à conjuguer les verbes en suivant des exemples qui tiennent lieu de modèles. Cependant, à la différence de la conjugaison des verbes, le journalisme ne fait pas l’objet d’une normalisation formelle et univoque, consignée dans les manuels ; il est produit et reproduit quotidiennement par les journalistes eux-mêmes et par le fait de leur pratique, de la même manière qu’une langue est produite et reproduite par le seul fait de la parler. Et, comme la langue, les normes, les règles, les représentations, les méthodes qui constituent le paradigme ont une existence autonome, indépendante des individus journalistes, et, dans une certaine mesure, s’imposent à eux. Certes, tout, dans la réalité concrète du journalisme, ne se ramène pas à une application systématique de règles implacables dont les journalistes seraient à la fois les agents et les esclaves. Il est question ici de grammaire et non d’usage ; or, c’est le propre de la grammaire de ne pas prendre en compte les erreurs, les déviances, les idiosyncrasies et autres anomalies qui pullulent dans l’usage. En revanche, et une fois établi ce caractère régulé du journalisme, la problématique du changement nous renvoie à l’usage. Il arrive en effet que par incompétence ou par stratégie (notamment de distinction) les locuteurs commettent des « fautes » qui, si elles se répètent et s’étendent dans le temps et l’espace, vont devenir l’usage et vont finalement être reconnues dans la grammaire. Il n’en va pas autrement pour le journalisme. Un paradigme journalistique est donc, comme la langue, un ensemble de règles susceptibles de se transformer au fur et à mesure que les journalistes adaptent leur pratique aux changements dans les conditions concrètes de cette pratique.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Éléments d’un modèle théorique du changement dans le journalisme ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004b. P. 57-85.

Résumé


Les auteurs, analysant les processus par lesquels les pratiques journalistiques se transforment, suggèrent de distinguer entre changement « normal » (dans le cadre du paradigme) et crise paradigmatique (changement de paradigme). Dans l’exercice quotidien de son métier, le journaliste a tendance à reproduire tout naturellement les règles usuelles du journalisme. Mais il arrive parfois que des circonstances inusitées l’incitent ou l’invitent à innover, à adopter un comportement qui s’écarte plus ou moins de la pratique normale. Une telle innovation, qui fait figure de précédent, si elle est imitée par d’autres et qu’ainsi elle s’étend suffisamment dans le temps et dans l’espace, peut devenir une nouvelle règle. L’innovation peut aussi résulter de l’ « usure » des règles elles-mêmes. Le journaliste, devant produire un discours susceptible de susciter et de retenir l’attention du public auquel il s’adresse, mise sur la nouveauté, non seulement quant au propos (aux informations qui, par définition, doivent être nouvelles), mais quant aux objets et aux formes de son discours. Dans ce cas de figure, l’innovation tient au souci d’éviter la monotonie et la répétition. Les changements de ce genre se réalisent dans le cadre du paradigme ; celui-ci se transforme, mais il conserve sa structure d’ensemble qui le rend reconnaissable. Cependant, le processus d’innovation peut s’accélérer et s’intensifier quand des changements importants affectent les structures sociales (économiques, politiques, culturelles, etc.) dans lesquelles la pratique du journalisme est imbriquée. Ces changements réduisent significativement le degré de congruence entre le système de règles que constitue le paradigme journalistique et les systèmes de règles qui prévalent dans l’environnement (à commencer par celui que constitue l’organisation de presse, qui, elle-même, ajuste son système de règles aux règles qui prévalent dans son environnement). Les tensions suscitées par ce déphasage entre les différents systèmes de règles forcent les journalistes à chercher, par l’innovation, à produire des règles plus congruentes, c’est-à-dire à adopter une pratique discursive plus en phase avec les conditions concrètes d’exercice de leur métier. Or, l’importance de cette adaptation est à la mesure des changements qui affectent les institutions et les structures sociales dont la presse et le journalisme subissent l’influence. On dira qu’il y a crise paradigmatique et changement de paradigme quand les changements dans l’environnement sont tels que le processus d’innovation s’intensifie suffisamment pendant une période suffisamment longue pour affecter significativement et durablement un nombre suffisamment important de règles, de sorte qu’à terme, le système perd sa cohérence et se métamorphose en une nouvelle configuration de règles. Certes, toutes les règles n’ont pas changé pour autant, mais le système dans son ensemble est devenu méconnaissable.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Les mutations du journalisme: modèle explicatif et orientations méthodologiques ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004c. P. 87-120.

Résumé


La sociologie historique du journalisme pose un défi théorique et méthodologique majeur, celui de concevoir des modèles explicatifs et des cadres opératoires qui associent des changements concrets, observables dans le discours journalistique (dans le « texte » lui-même), à des phénomnes ou des facteurs explicatifs qui se situent à une toute autre échelle d’observation et qui présentent un degré beaucoup plus élevé de généralité. Comment, par exemple, établir théoriquement et empiriquement une « chaîne de causalité » (qui, précisons-le, relève davantage de la dialectique que du déterminisme) reliant, d’une part, des changements mesurables dans la mise en page des journaux ou dans l’art de rédiger un article et, d’autre part, l’expansion du chemin de fer à la fin du 19e siècle ou encore la financiarisation de la propriété des médias au passage du 20e au 21e siècles ? Les auteurs proposent un modèle qui hiérarchise quatorze « niveaux » de « paramètres », du plus circonscrit (le texte journalistique) au plus général (l’état de développement et le mode de fonctionnement de l’économie), en passant par une douzaine de niveaux intermédiaires (le texte « journalique », les pratiques professionnelles, les journalistes, les organisations de presse, la production médiatique, les médias, les sources d’information, les sources de financement, le public et ses pratiques culturelles et ses valeurs, les institutions socioculturelles, le système politique et le cadre légal) qui médiatisent, en quelque sorte, les relations entre les niveaux macroscopique et microscopique. S’il convient de distinguer analytiquement des paramètres et de les disposer en « niveaux », ce n’est pas dans le but de les isoler les uns des autres ni d’établir une hiérarchie a priori ; c’est au contraire afin de mieux saisir les interactions complexes entre les niveaux de paramètres qui font que des phénomnes en apparence extérieurs à la logique d’action propre aux journalistes (comme, pour reprendre nos exemples, l’expansion du chemin de fer et la financiarisation du capital) contribuent à la transformation des pratiques quotidiennes des journalistes.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Typologie historique des pratiques journalistiques ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval , 2004d. P. 141-217.

Résumé


Empruntant la méthode idéal-typique, les auteurs s’emploient à préciser le contenu de quatre paradigmes journalistiques définis comme types purs du journalisme : les journalismes de transmission, d’opinion, d’information et de communication. Ces idéal-types sont caractérisés en regard de deux dimensions essentielles : le caractère « réaliste » du discours journalistique et son mode d’énonciation. En effet, le journalisme, de tout temps, a été une pratique discursive « réaliste » (au sens où le discours porte sur le réel) et qui se reproduit par et dans des « textes », c’est-à-dire par et dans des actes d’énonciation. Au chapitre du réalisme, les paradigmes journalistiques se distinguent quant au rapport que le journal et le journalisme entretiennent avec les autres institutions sociales et quant aux différentes classes de référents auxquels les journalistes sont les plus sensibles. Ils varient également quant à leur rapport au temps, à l’espace et à la nouveauté, quant aux modalités d’accès au réel et aux principes normatifs régissant le rapport des journalistes au réel. Au chapitre de l’énonciation, les auteurs retiennent trois sous-dimensions en regard desquelles les quatre idéal-types peuvent être distingués : les facteurs contextuels, comme les conditions techniques, organisationnelles et culturelles de l’énonciation ; les agents de la communication journalistique, dont les visées, la situation d’énonciation et l’identité discursive varient ; et, finalement, l’énonciation elle-même. Cette typologie se veut une invitation à la recherche empirique ; loin d’apporter des réponses, elle se présente plutôt comme un programme de recherche constitué d’un vaste réseau d’hypothèses.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Le système de journaux: définition et modélisation du concept ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004e. P. 219-241.

Résumé


L’ensemble de règles qui constitue un paradigme présente les propriétés d’un système et il est le produit non seulement des journalistes eux-mêmes, mais aussi d’un ensemble d’organisations (les journaux) qui présente, lui aussi, les propriétés d’un système. En d’autres mots, un système de règles qui constitue un paradigme est en phase avec un système de journaux (ou un système médiatique), dont il est, en somme, le produit. Des journaux (et par extension, des médias) forment un système si le contenu de chacun d’eux est déterminé par les relations (a) qu’un ensemble donné de sources d’information cherchent à établir (b) avec un ensemble donné de destinataires (public), (c) à l’aide d’un ensemble donné de moyens financiers et techniques, (d) en se pliant aux règles psycho-cognitives d’un ensemble donné d’intermédiaires par le truchement desquels les messages sont transmis. Les journaux formant système s’ajustent les uns aux autres dans un processus de mimétisme et de distinction au cours duquel, par un dosage stratégique d’imitation et de différentiation, chacun cherche à s’aménager la meilleure position possible dans le système. Le fonctionnement du système est conditionné par son ancrage dans le temps et dans l’espace. Le système se déploie en effet dans un espace circonscrit par des facteurs techniques, culturels, politiques et économiques : par exemple, la circulation de l’information et la distribution du journal sont à la mesure des techniques disponibles et de leur coût d’acquisition et d’utilisation ; l’aire de diffusion d’un média financé par la publicité doit correspondre au mieux aux marchés qui intéressent les annonceurs ; etc. De même, le fonctionnement du système de journaux est tributaire de la vitesse à laquelle circule l’information. Le contenu du journal est congruent avec sa périodicité, laquelle est soumise aux contraintes de la technique et de l’économie. Ainsi conçue, la notion de système nous fait voir un ensemble de médias qui, dans un cadre spatio-temporel donné, se transforment ou évoluent à travers les (et raison des) multiples interactions qu’ils entretiennent. Du point de vue du problème du changement, la perspective systémique conduit les auteurs à formuler trois recommandations à caractère méthodologique : 1) une explication du changement dans le système doit prendre en compte toutes les dimensions pertinentes du fonctionnement du journal ainsi que les relations entre les dimensions ; 2) l’explication systémique est, par définition, dialectique, d’abord parce qu’elle prend appui sur les interactions entre les journaux et, plus précisément, sur le processus d’imitation et de distinction ; dialectique aussi en ce sens qu’elle tient compte des effets de retour, des boucles de rétroaction entre les journaux et entre les dimensions ; 3) enfin, l’explication doit être « génétique » : plutôt que de considérer le changement comme une catégorie discrète, en lien avec des « événements » historiques qui auraient valeur d’explication, il faut plutôt incorporer les états successifs de chaque journal sous chacune des dimensions ainsi que les états successifs du système de journaux dans son ensemble.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Le journalisme et le marché: de la concurrence à l’hyperconcurrence ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004f. P. 273-316.

Résumé


Trois conditions nouvelles transforment fondamentalement le jeu concurrentiel auquel se livrent les entreprises de presse : une croissance exponentielle de l’offre d’information, qui accentue les préoccupations liées à la concurrence ; la liberté de choix du consommateur du fait de cette croissance de l’offre mais aussi du fait de l’innovation technique (la télécommande, la magnétoscope, le clic de la souris…), liberté qui fait de son attention une réalité volatile, imprévisible, capricieuse, que les médias cherchent à cerner par des techniques de plus en plus sophistiquées de mesure des auditoires ; finalement la transparence dans laquelle se joue dorénavant le jeu de la concurrence : en consultant les bulletins d’information des grands réseaux de radio-télévision, les réseaux d’information continue et les sites Internet des journaux, les journalistes de tous les médias peuvent savoir en temps réel ou presque et même prévoir comment les journalistes concurrents traitent ou comptent traiter tel ou tel sujet, et y adapter leurs propres choix. Les auteurs proposent la notion d’hyperconcurrence pour dénoter à la fois une intensification du jeu concurrentiel et un déplacement conséquent, ou plutôt un élargissement, du champ dans lequel se livre la bataille de la concurrence. Dans ce contexte, la concurrence est perçue comme l’affaire non seulement des entreprises de presse et des services commerciaux, mais des journalistes eux-mêmes. Ceux-ci doivent en effet composer avec une situation dans laquelle le public, constamment sollicité par une offre d’information pléthorique, tend à élever son seuil d’attention. Saisir et retenir l’attention du public devient une préoccupation constante qui conditionne le discours journalistique et qui force l’innovation. Cela se traduit, sur le plan des objets de discours, par une diversification et une certaine « privatisation » des domaines d’activités couverts par les médias et par une relative spécialisation des contenus, laquelle va de pair avec une segmentation plus fine des marchés. Il s’agit en somme de serrer au plus près les préférences d’un groupe de consommateurs, de manière à accroître la pertinence et, conséquemment, l’attrait du discours de presse. Celui-ci tend également et pour les mêmes raisons à emprunter à d’autres types de discours publics ou médiatiques (comme la dramatisation, l’humour ou la polémique) et à d’autres registres que ceux qui sont traditionnellement les siens (comme le langage populaire et le ton de la conversation) des traits susceptibles d’accroître sa valeur d’attention. La recherche de la distinction dans un contexte de surinformation incite en outre les journalistes à mettre en valeur un certain « point de vue ». La valorisation de la subjectivité du regard journalistique va de pair avec la valorisation de la subjectivité du public lui-même, qu’on cherche à fidéliser à travers un rapport d’intersubjectivité, de « communication », de reconnaissance mutuelle.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Le paradigme journalistique : usage et utilité du concept ». Communication, CIFSIC, Bucarest, 2003.

Résumé


Le concept de « paradigme journalistique » permet d’expliquer, dans une perspective socio-cognitive, la régularité de la pratique journalistique. La définition de ce concept théorique l’apparente à d’autres concepts comme ceux d’habitus, de conscience pratique, de formation discursive, etc., mais il s’en distingue à plusieurs égards, ce qui justifie son usage. Par ailleurs, appliqué à l’étude diachronique du journalisme, le concept permet de solutionner des difficultés théoriques sur lesquelles butte l’historiographie.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. Le journalisme dans le « système » médiatique : concepts fondamentaux pour l’analyse d’une pratique discursive. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2002a. Coll. Études de communication publique. No. 16.

Résumé


Le journalisme peut être défini comme un système de relations au sens où un ensemble de règles président aux rapports qu’entretient le journaliste avec son environnement et rendent probable donc prévisible un nombre limité de comportements de la part des journalistes et des autres acteurs engagés dans des rapports avec lui. Les règles en question, qui doivent être considérées dans leurs dimensions habilitantes aussi bien que contraignantes et qui fondent le caractère institutionnel du journalisme, sont souvent englobées dans les concepts de rôle et de statut. Ainsi, un paradigme journalistique peut être considéré comme une institution ou une pratique institutionnalisée. Le système de relations caractérise non seulement les rapports entre les acteurs (journalistes, sources, lecteurs), mais aussi les rapports entre les textes et les discours : en effet, le journalisme peut être défini comme une activité intertextuelle, l’article de journal étant une production collective à laquelle participent les sources, les pairs et même les lecteurs. Par ailleurs, le discours journalistique est en relation avec d’autres types de discours qu’il influence ou dont il subit l’influence. Enfin, il n’est pas possible de comprendre le fonctionnement et l’évolution du système médiatique et, plus spécifiquement, du journalisme sans faire intervenir de manière systématique les dimensions temps et espace.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Le journalisme ». In LEMIEUX, Denise et al. Traité de la culture. Québec : Éditions de l’IQRC; Presses de l’Université Laval, 2002b. P. 889-907.

Résumé


Du journalisme, le sens commun et la sociologie spontanée ne retiennent généralement que les traits les plus manifestes, autour desquels s’organisent les stéréotypes du métier. Ainsi, les journalistes québécois et canadiens se définissent par leur rattachement à un média écrit ou électronique, par leur fonction dans la salle de rédaction, par la nature de leur activité. En effet, au-delà de leurs traits sociodémographiques comme leur âge, leur niveau de scolarité ou leur salaire, les journalistes se distingue des autres travailleurs intellectuels par leurs fonctions, essentiellement la collecte, la sélection, le traitement et la mise en forme de l’information. Ces fonctions se résument dans un ensemble de conventions, plus ou moins explicites et impératives, qui ont pour but, du point de vue de l’entreprise de presse, de rendre prévisibles, donc « gérables », les différentes opérations de collecte et pour effet, du point de vue du journaliste, de les rendre routinières, donc rapides et faciles à exécuter. Toutefois, la validité de ces représentations du journalisme demeure limitée : d’une part, elles masquent les contraintes spécifiques qui s’exercent sur le journalisme contemporain, et, d’autre part, elles ne rendent pas compte d’autres contextes spatio-temporels. Pour être adéquate, une définition du journalisme doit en viser la composante essentielle, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un système de règles de production discursive propre à une communauté de scripteurs. Appliquée au journalisme contemporain, la définition doit aussi en contenir le trait spécifique le plus important, à savoir que cette production discursive est subordonnée aux objectifs économiques d’une entreprise industrielle soumise à la concurrence capitaliste.

CHARRON, Jean et De BONVILLE, Jean . Les mutations du journalisme au Québec : une problématique de recherche, GRMJ, 2002c.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Journalismes en mutation : perspectives de recherche et orientations méthodologiques ». Communication, vol. 17, no. 2 (1996a), p. 15-49.

Résumé


Le journalisme est une pratique culturelle contingente dont l’évolution historique fait apparaître des formes spécifiques fort différentes les unes des autres. Ce postulat étant posé, il importe d’identifier les facteurs susceptibles d’agir sur le journalisme et d’en expliquer les modifications structurelles. À cet égard, les auteurs posent une série d’hypothèses concernant d’une part trois formes spécifiques de journalisme (journalisme d’opinion, d’information et de communication), et d’autre part les modalités du passage d’une forme de journalisme à l’autre. Pour vérifier ces hypothèses, ils proposent ensuite une démarche méthodologique, sensible à l’influence des acteurs individuels, qui procède des phénomènes microsociologiques directement observables aux phénomènes macrosociologiques correspondants.

CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean. « Le paradigme du journalisme de communication : essai de définition ». Communication, vol. 17, no. 2 (1996b), p. 51-97.

Résumé


Les transformations que connaît le système médiatique depuis une vingtaine d’années amènent les journalistes à opérer des ajustements dans leur pratique et leurs normes professionnelles. Ces ajustements donnent lieu, à terme, à l’émergence d’un nouveau paradigme journalistique, le journalisme de communication. Les auteurs procèdent d’abord à un examen critique du concept de paradigme, emprunté à la théorie des révolutions scientifiques de Thomas Kuhn, puis s’emploient à caractériser le journalisme de communication, en l’opposant au journalisme d’information et au journalisme d’opinion.

CHARRON, Jean et JACOB, Loïc. Énonciation journalistique et subjectivité : les marques du changement. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 1999. Coll. Études de communication publique. No 14.

Résumé


Cette monographie présente une méthode de mesure de la subjectivité énonciative dans des textes de nouvelles. La méthode a recours à des indicateurs linguistiques et à des procédures de repérage susceptibles d’être appliqués sur un vaste corpus d’articles. La première partie de la monographie expose sommairement une problématique de l’énonciation journalistique et souligne la pertinence d’analyser, sous cet angle, l’objectivité/subjectivité du discours de presse. La deuxième partie porte sur la subjectivité telle qu’elle peut se manifester dans la manière dont le journaliste, par les différentes formes du discours rapporté, traite le discours d’autrui. La troisième partie porte sur certaines manifestations de subjectivité que l’on peut repérer dans la composante analytique du discours de presse. La quatrième partie traite de la subjectivité induite par les appels au lecteur ainsi que par certaines formes de mise en scène du journaliste dans son propre discours.

CHARRON, Jean et LAVILLE, Camille. « La cotutelle de thèse : l’exemple du programme franco-québécois ». In LAVILLE, C., LEVENEUR. L. et ROUGER, A. (dir.). Construire son parcours de thèse. Manuel Réflexif et pratique. Paris : L’Harmattan. 2008.

CHARRON, Jean, LE CAM, Florence et RUELLAN, Denis (sous la direction de). Le contrat de communication publique. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2020. 262 p.

Résumé


Ce collectif présente les résultats de travaux de recherche menés par des doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s en communication dans le cadre d’un séminaire de recherche portant sur le concept de contrat de communication publique. Ce séminaire, tenu conjointement dans trois universités francophones (l’Université Laval, Québec ; l’Université libre de Bruxelles, Belgique, et le CELSA-Sorbonne Université, France), a ensuite donné lieu, en septembre 2019, à un colloque dont nous présentons ici les actes. Ce séminaire-colloque international sur le contrat de communication publique était une réédition d’une expérience tentée en 2015 et qui a donné lieu à la publication du no 21 des Études de communication publique, sous le titre Médias, institutions et espace public : le contrat de communication publique.

Toute situation de communication est régie par des règles, des conventions, des attentes, des normes, bref par un contrat social qui définit cette situation de communication et qui fait que des acteurs socialement compétents savent comment se comporter dans cette situation. Dès lors qu’on étudie un phénomène ou un enjeu de communication publique, l’objet de la recherche concerne forcément, directement ou indirectement, une ou plusieurs situations de communication et donc un ou plusieurs contrats de communication. Les travaux présenté dans ce numéro cherchent à comprendre comment se constituent des contrats de communication, de confiance, comment ils sont négociés, comment ils se transforment constamment, par à-coups, ou progressivement ; comment le contrat est finalement un processus pour comprendre quelles sont les règles de relation, d’existence, de défense, de travail qui permettent aux acteurs de faire, d’agir.

CHARRON, Jean, LE CAM, Florence (sous la direction de).  Médias, institutions et espace public : le contrat de communication publique. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2019.  235 p.

Résumé


La production et la circulation des discours publics, qu’ils soient médiatiques, institutionnels ou individuels, ne sont possibles qu’en vertu de normes, de conventions ou d’attentes réciproques que les acteurs de la communication publique (journalistes, relationnistes, porte-parole, politiciens, personnalités publiques, témoins et acteurs des événements, experts, polémistes, etc.), soucieux d’agir efficacement et de faire reconnaître leur droit de parole et leur légitimité, tendent à respecter, qu’ils en aient conscience ou non. Nous empruntons aux sciences du langage la notion de contrat de communication, pour désigner cet ensemble de normes, de conventions et d’attentes réciproques, bref de règles, qui déterminent qui peut parler publiquement, de quoi, quand, de quelles manières, dans quelles circonstances, à quel titre, etc.

Le concept de contrat de communication ouvre sur au moins deux séries de questionnements relatifs à la régulation de la communication publique. La première série concerne la nature ainsi que les modes de définition et de transformation des règles, la deuxième série de questions est davantage de nature théorique et épistémologique : Dans quelle mesure est-il fécond, judicieux ou approprié de concevoir cet (ou ces) ensemble(s) de règles comme les clauses d’un (ou de) contrat(s) de communication ? La notion de contrat implique l’existence de processus de négociation, d’échange, de ratification, de réciprocité. Est-ce bien ainsi que s’élaborent les règles de la communication publique ? Quels sont l’apport et les vertus théoriques d’un tel concept en comparaison avec d’autres concepts qui paraissent plus spécifiques (contrat de lecture, contrat énonciatif, contrat d’information médiatique, promesse des genres, etc.) ou plus généraux (code, institution, norme, culture, rôle, etc.) ?

Les auteurs de ce collectif, tous professeurs ou doctorants en communication, réfléchissent à ces questions, sur la base de recherches empiriques pour certains, ou dans des analyses plus théoriques pour d’autres. Ce collectif découle d’un séminaire de recherche réunissant notamment des participants de l’Université libre de Bruxelles et l’Université Laval.

CHARRON, Jean, LEMIEUX, Jacques et SAUVAGEAU, Florian. Les journalistes, les médias et leurs sources. Boucherville : Gaëtan Morin éditeur, 1991. 237 p.

Résumé


On remarque, depuis le début des années 1980, l’importance grandissante de l’influence des communications publiques sur le travail journalistique et donc, sur l’information transmise au public par les médias. Quatre événements médiatiques font l’objet d’une étude de cas : la couverture par la télévision de la campagne électorale du Parti conservateur (1984) ; la couverture de presse du projet d’une usine ALCAN à Laterrière au Saguenay ; le pseudo-événement de contestation du Regroupement autonome des jeunes ; l’opération de communication lors de l’événement Québec 84. Dans tous les cas, les communicateurs ont réussi à s’accaparer un espace médiatique et à faire transmettre leur message de manière satisfaisante. On n’en conclut pas, toutefois, que les sources dominent l’information ni les journalistes. La relation en est plutôt une de négociation, dans un contexte d’interdépendance où, si les journalistes dirigent l’accès aux médias, ils ont également besoin de sources d’information pour alimenter leur travail. On a observé que la capacité d’influence des communicateurs dépend beaucoup de leur connaissance du journalisme et du fonctionnement des médias. Les politiques d’information des médias ne garantissent pas l’autonomie de leurs journalistes, tout dépend de l’adéquation entre les objectifs de cette politique et ceux de la source. La conformité du traitement journalistique aux objectifs des sources augmente avec le consensus social sur la question.

CHARRON, Jean, et SAINT-PIERRE, Jocelyn. « Les formes du journalisme parlementaire au Devoir ». Communication, vol. 29, no. 2 (2012), 24 p.

Résumé


Cet article analyse un échantillon d’articles rédigés par les correspondants parlementaires du journal montréalais Le Devoir entre 1915 et 2006. L’analyse porte sur les transformations du discours de ces journalistes. Les résultats montrent que les membres de la Tribune de la presse ne cherchent plus, comme autrefois, à rapporter les travaux du Parlement, mais plutôt à y repérer des événements susceptibles de donner lieu à des nouvelles.

CHARRON, J., ST-PIERRE, M. ET DROLET, G. « La parole des femmes dans les journaux télévisés au Québec, 1961-2010 ». Communication, vol. 33, no. 1 (2015).

Résumé

Les auteurs s’intéressent à l’impact sur les journaux télévisés de la féminisation du personnel journalistique dans les deux principaux réseaux de télévision francophone au Québec entre 1961 et 2010. Les résultats montrent que les femmes journalistes n’ont pas été confinées à des sujets réputés « féminins » et qu’elles n’ont pas eu tendance à donner davantage la parole à des femmes dans leurs reportages.

CORDIER, Émilie. « Metro International, la bible de la presse quotidienne gratuite ». Les Cahiers du journalisme, no. 16 (2006), p. 274-293.

COULOMBE, Daniel et CHARRON, Jean. « L’évolution de la situation financière du Devoir à la lumière de ses états financiers ». Communication, vol. 29, no. 2 (2012), 27 p.

Résumé


Comment le quotidien montréalais Le Devoir, dont la rentabilité commerciale n’était pas l’objectif, a-t-il pu survivre depuis 1910 dans des conditions qui, apparemment, lui étaient hostiles ? Les dirigeants du journal ont dû chercher à compenser les insuffisances du marché en sollicitant des bailleurs de fonds et d’autres fournisseurs de ressources pour qui le profit n’était pas la motivation première. L’analyse des rapports financiers du Devoir, des débuts du journal jusqu’à nos jours, permet de déterminer dans quelle mesure les activités du journal ont été déficitaires ou profitables et quand, où et dans quelles circonstances les responsables du journal ont trouvé les ressources matérielles nécessaires à sa survie.

DE BONVILLE, Jean. « L’évolution à long terme du public des quotidiens québécois : facteurs démographiques et culturels ». In LAFRANCE, Jean-Paul et al. La bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2008.

Résumé


Plusieurs indices, en particulier le taux de pénétration des quotidiens de 1851 à 2001, démontrent que la presse quotidienne québécoise a connu un net recul au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Or les statistiques disponibles sur le niveau de littératie des Québécois démontrent que ce recul ne serait pas attribuable à une baisse du niveau de compétence en lecture des plus jeunes, puisque les niveaux les plus faibles s’observent parmi les groupes les plus âgés. Paradoxalement, semble-t-il, les quotidiens affichaient leurs taux de pénétration les plus élevés à une époque, le premier tiers du 20e siècle, où leur public était nettement moins compétent en lecture que le public contemporain. La solution à ce paradoxe pourrait être trouvée dans un changement de la place de l’écrit dans la culture. Il semble en effet que la culture écrite ait perdu sa position hégémonique dans la société contemporaine au profit d’autres modes d’appropriation et d’expression de la connaissance et de la culture.

DE BONVILLE, Jean. « La lecture des journaux quotidiens au Québec du XIXe au XXIe siècle ». In LAFRANCE, J.-P. et LERAY, É. La bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2008. P. 117-139.

DE BONVILLE, Jean. « Le titre des nouvelles locales dans la presse québécoise à la fin du XIXe siècle ». Semen : revue de sémio-linguistique des textes et discours, vol. 25 (2008), p. 31-47.

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À la fin du XIXème siècle, la manière de rédiger le titre des nouvelles locales subit des changements importants dans la presse québécoise de langue française. Les titres s’allongent, et le niveau d’information augmente. Le contenu sémantique des titres aussi se modifie fortement. Jusqu’à cette époque, le titre servait principalement à indexer le thème de l’article. Au début du 20e siècle, les titres, qui contiennent généralement plusieurs niveaux, fournissent des précisions sur l’événement particulier relaté dans l’article.

DE BONVILLE, Jean. « Problèmes de la périodisation du changement en histoire de la presse ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004a. P. 121-139.

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L’hypothèse des mutations paradigmatiques du journalisme pose le problème de la périodisation. Considérant les transformations du journalisme dans la longue durée, sur la base de quels critères l’historien peut-il décider qu’une période s’achève et qu’une autre commence ? L’histoire politique organise commodément le temps historique en « périodes » balisées par des « événements » jugés significatifs soit en raison de leur impact sur le cours des choses, soit parce que, s’inscrivant dans une séquence d’événements, ils marquent un point de rupture. Mais s’agissant de l’évolution de la presse en tant qu’institution sociale et du journalisme en tant que pratique culturelle, les critères événementiels ne suffisent plus (à moins de vouloir se contenter de balises extra-journalistiques et, par conséquent, tout à fait arbitraires du point de vue de l’objet de la recherche). L’auteur reprend le problème à sa source en cherchant les critères de périodisation dans la nature même de la presse et du journalisme. Il définit la presse (et par extension le journalisme) comme « l’ensemble des conditions et des modalités de réalisation d’un contrat de communication d’un type spécifique, c’est-à-dire une communication sociale, imprimée et périodique ». Les agents qui participent à la réalisation de ce contrat (éditeurs, scripteurs, lecteurs, sources d’informations, annonceurs, etc.) le font en vertu d’une configuration spécifique de règles connues et d’attentes réciproques, configuration qui dessine à son tour une configuration de relations entre les agents. Ces configurations (de règles et de relations) sont produites, reproduites et éventuellement transformées du fait même de la participation des agents. L’alternance de phases de stabilité (c’est-à-dire de relative homogénéité) et d’instabilité (d’hétérogénéité caractéristique des processus de reconfiguration) dans les règles et dans les relations créent ce qui, aux yeux de l’historien, devient des « périodes ». Ainsi, une période « se caractérise par le maintien, parmi un ensemble des publications ou dans la partie la plus importante de cet ensemble, des conditions et modalités de réalisation d’une forme spécifique de contrat de communication ». Le travail de l’historien consiste donc à discerner, à partir des indices dont il dispose (le principal étant le contenu de la presse) « les différentes formes spécifiques de contrat de communication dans leur succession chronologique », c’est-à-dire les différentes configurations spécifiques de règles et de relations. Plus concrètement, et de manière plus opératoire, « une période en histoire de la presse correspondrait à un laps de temps plus ou moins long au cours duquel des rapports relativement stables caractérisent les éléments suivants : régime démographique, organisation interne, infrastructure technique et financière, modes de collecte et de traitement de l’information, contenu, caractéristiques du lectorat et conditions et modes de réception des messages ».

DE BONVILLE, Jean. « Le métier de journaliste au début du 20e siècle vu par un contemporain: de l’utilité des concepts théoriques ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004b. P. 243-372.

Résumé


En 1917, Charles F. Hamilton, lui-même ancien journaliste, jette un regard critique sur le journalisme de son époque. Observateur informé et critique perspicace du journalisme, Hamilton n’apprécie guère les modes auxquelles les journalistes de son époque semblent succomber. Il constate et déplore la tendance aux gros titres, la nouvelle mode qui consiste à faire débuter un article par une amorce, l’accent placé sur l’intérêt humain, la conception de la « une » comme une « vitrine », le recours aux clichés, etc., autant de nouveautés qui peuvent paraître anodines aux yeux du profane mais qui, selon Hamilton, en disent long sur la manière dont les journalistes de son époque conçoivent leur métier. Après avoir rapporté en substance les propos de Hamilton, l’auteur entreprend de les interpréter à la lumière des éléments théoriques inhérents au concept de paradigme journalistique. Cet exercice d’ordonnancement et de pondération des faits par la théorie permet de structurer les observations de Hamilton dans un modèle explicatif qui fait ressortir la chaîne de causalité qui les lie. Ce modèle, que Hamilton, faute de théorie, ne pouvait concevoir, met en relief le rapport dialectique entre le journalisme en tant que pratique discursive (ou entre les règles du discours journalistique) et les conditions socio-économiques de cette pratique.

DE BONVILLE, Jean. « Proposition d’un modèle d’explication du changement dans la pratique journalistique ». In RIEFFEL, R et WATINE T. Les mutations du journalisme en France et au Québec. Paris: Éditions Panthéon Assas, 2000a. P. 161-186.

Résumé


Pour expliquer les transformations dans le journalisme, les historiens et les sociologues évoquent d’emblée et quasi exclusivement les retournements de la conjoncture politique, économique ou culturelle. Cependant, il suffit de feuilleter les journaux sur des périodes assez longues pour constater que, même en l’absence d’épisodes traumatiques, le journalisme continue d’évoluer. À court terme, le changement peut demeurer imperceptible, mais il s’impose avec évidence à moyen terme. Dès lors se pose le problème de l’explication de ces changements : à défaut d’événements marquants, comme une révolution politique ou économique, dont les ondes de choc se répercuteraient dans l’ensemble de la structure sociale, à quels facteurs particuliers attribuer l’évolution du journalisme, comment élaborer une explication causale satisfaisante de ses transformations progressives ? Si l’on peut postuler que cette transformation doit être interprétée comme un effet de système, il faut chercher comment le fonctionnement du journal peut être mis en relation avec l’évolution de son environnement. Le concept de contrat de communication et la théorie de la structuration d’Anthony Giddens fournissent les éléments théoriques nécessaires à la formulation d’un ensemble de propositions qui constitueraient le noyau d’un modèle explicatif du changement dans la pratique journalistique : 1) Le journal change lorsque des modifications suffisamment importantes s’opèrent dans la distribution des ressources entre les parties au contrat de communication et, corrélativement, dans les règles qui s’appliquent à leurs relations. 2) Les règles et les ressources à la disposition des parties au contrat de communication se modifient sous l’effet de changements dans les règles et les ressources dont disposent les agents sociaux ayant des rapports avec les parties au contrat de communication. 3) Les règles et les ressources des parties au contrat de communication ainsi que celles des agents sociaux ayant des rapports avec les parties se modifient du fait de leur usage concret dans la pratique quotidienne des agents. 4) Le changement dans le journal provient de modifications induites dans le contrat de communication sous l’effet de l’action des différentes parties au contrat de communication, plus particulièrement des parties appartenant aux autres sous-systèmes sociaux. 5) À cause des propriétés structurelles spécifiques du sous-système médiatique (à savoir qu’il a pour finalité la production de discours), le changement est inhérent au fonctionnement de ce sous-système.

DE BONVILLE, Jean. L’analyse de contenu des médias : de la problématique au traitement statistique. Bruxelles : DeBoeck Université, 2000b. 451 p.

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L’analyse de contenu est une importante technique pour l’étude systématique des messages diffusés par les médias. Elle est entendue ici dans le sens où la pratiquent les chercheurs de sciences sociales, notamment en sociologie, sciences politiques et sciences de la communication, à l’échelle internationale. L’ouvrage fournit à l’analyste un instrument de travail complet qui présente tous les aspects de la démarche scientifique applicable à l’analyse de contenu, de la formulation de la problématique et des hypothèses à l’interprétation des résultats, en passant par l’échantillonnage et la catégorisation, le traitement informatique et statistique des données.

DE BONVILLE, Jean. « Le « nouveau journalisme » américain et la presse québécoise à la fin du XIXe siècle ». In SAUVAGEAU, Florian. Variations sur l’influence culturelle américaine. Québec : Presses de l’Université Laval, 1999. P. 73-100.

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À la fin du XIXe siècle, le journalisme américain se redéfinit. La généralisation de la technique du reportage et la définition du genre nouvelle donnent naissance à un « nouveau journalisme », axé sur la diffusion des faits les plus récents. À la faveur de la concurrence que se livrent les grands quotidiens de New York, de nouvelles manières de mettre en valeur les événements apparaissent. Gros titres et illustrations sont exploités à la une, et servent souvent à attirer l’attention d’un lectorat populaire de plus en plus nombreux sur des crimes et d’autres faits divers scabreux. Ce « yellow journalism », comme on l’appelle à l’époque, trouve rapidement des imitateurs au Québec. La perspective de rentabilité commerciale que présente la nouvelle formule de journalisme attire des entrepreneurs comme Trefflé Berthiaume, de La Presse, et Hugh Graham du Montreal Star, qui l’introduisent à Montréal dès les années 1890. Même si le « nouveau journalisme » rencontre de la résistance et soulève des critiques dans le public et chez les journalistes, l’essentiel de la formule se généralise et sa banalise de sorte que ses caractéristiques principales sont incorporées dans le journalisme d’information du XXe siècle.

DE BONVILLE, Jean. « Le discours des évêques québécois sur la presse de 1850 à 1914 ». Études d’histoire religieuse, vol. 62 (1996a), p. 49-70.

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L’analyse de contenu des communications officielles (lettres pastorales, mandements, etc.) des évêques québécois publiées entre 1850 et 1914 démontre que les évêques ajustent leur discours aux conditions sociales, culturelles et politiques de leur époque. Les thèmes, l’argumentation et le ton même du discours changent donc sensiblement. La presse est d’abord perçue surtout comme une menace à la foi et à l’Église catholique. À la fin du siècle, en revanche, les évêques la considèrent comme un instrument de développement social et culturel qu’il importe de garder conforme à la morale catholique. Au début du XXe siècle, au moment où la presse d’information se répand, des évêques vont encore plus loin et proposent même de doter l’Église d’un véritable réseau de journaux et publications catholiques.

DE BONVILLE, Jean. « Les notions de texte et de code journalistiques : définition et critique ». Communication, vol. 17, no. 2 (1996b), p. 99-142.

Résumé


L’analyse de la définition des termes « texte » et « code » fait ressortir la grande polysémie de ces deux mots. Or ceux-ci ne présentent un intérêt heuristique que s’il est possible d’en donner une définition opératoire. C’est pourquoi il importe de circonscrire ces concepts. Même si le « texte journalistique » peut être défini en compréhension, cette définition demeure insatisfaisante si elle n’est pas complétée par la description des propriétés structurelles de ce type de texte. Par ailleurs, la notion de « code journalistique » ne satisfait pas la définition de code linguistique ou sémiologique, mais peut être retenue au sens de « système de contraintes ». Dès lors, il importe de décrire les contraintes qui gouvernent la production du texte journalistique ou du journal dans son ensemble et les modalités de leur application.

DE BONVILLE, Jean. Les quotidiens montréalais de 1945 à 1985 : morphologie et contenu. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture, 1995a. 223 p.

Résumé


À comparer un échantillon de quatre quotidiens montréalais, des différences s’imposent à l’évidence entre Le Devoir, La Presse, Montréal-Matin et le Montreal Star de 1945 et les mêmes journaux ou leurs équivalents (The Gazette et Le Journal de Montréal) en 1985. Le quotidien des années quatre-vingt est plus volumineux, mais plus aéré, les illustrations y sont plus nombreuses et la mise en page semble obéir à d’autres règles, plus claires au lecteur d’aujourd’hui. Une lecture plus attentive révèle des transformations plus profondes encore. Structurellement, la thématique n’a pas changé, mais l’accent s’est déplacé : les quotidiens s’intéressent plus au divertissement et à la consommation au détriment des catégories relatives aux affaires publiques. Sauf dans le cas du quotidien anglophone, l’attention se concentre de plus en plus sur la scène québécoise, les dimensions canadienne et internationale étant moins présentes en 1985 que quarante ans plus tôt. Les genres journalistiques évoluent dans le sens d’une utilisation plus diversifiée : naguère largement dominante, la nouvelle cède de l’espace aux genres de l’opinion comme les chroniques de toutes sortes. Enfin, si l’on considère les auteurs des articles, les journalistes bénéficient d’une proportion croissante de l’espace disponible et sont de plus en plus visibles. Il se dégage de l’analyse des quatre quotidiens une nette impression de cohérence : leur contenu semble obéir à des règles ou à des normes qui, pour être implicites, n’en sont pas moins opérantes.

DE BONVILLE, Jean. « La presse quotidienne montréalaise de 1945 à 1985 : structure et conjoncture d’une industrie culturelle ». [Chapitre 1]. In Les quotidiens montréalais de 1945 à 1985 : morphologie et contenu. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture, 1995. P. 29-54.

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Deux postulats sont avancés pour expliquer l’état du contenu de la presse. Selon le premier postulat, le contenu de la presse est déterminé, de manière générale, par des éléments structurels (c’est-à-dire stables à court et à moyen terme) qui sont, d’une part, les moyens techniques à la disposition des journaux et, d’autre part, la nature de la propriété et des sources de financement des journaux. Selon le second postulat, le contenu de la presse est déterminé, de manière particulière, par la conjoncture économique dans le marché de la presse quotidienne et, plus précisément, par l’état de la concurrence entre les entreprises de presse et par leurs stratégies respectives d’adaptation à cette concurrence. De 1945 à 1985, la presse quotidienne montréalaise ne connaît pas de transformation structurelle, bien que la structure du marché médiatique change, du fait de l’introduction de la télévision. Sur le plan conjoncturel, toutefois, les changements sont nombreux et importants : réduction du nombre de quotidiens (de 8 à 4), hausse modérée des tirages corrélative à une forte baisse du taux de pénétration (1951 : 1,16 ; 1981 : 0,61), réorganisation du système de journaux, dominé par La Presse et le Star, en 1945, autour du Journal de Montréal, qui domine le marché en 1985. L’industrie de la presse est favorisée par un gonflement des dépenses publicitaires des entreprises et par une augmentation marquée des tarifs publicitaires.

DE BONVILLE, Jean. « Les caractères physiques du journal » [Chapitre 2]. In Les quotidiens montréalais de 1945 à 1985 : morphologie et contenu. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture, 1995. P. 55-95.

Résumé


Le volume des quotidiens, exprimé en nombre de pages, fait plus que tripler entre 1945 et 1985. Comme la proportion de la surface rédactionnelle demeure stable et que le nombre de mots occupant cette surface, après avoir fait un bond entre 1945 et 1955, n’augmente pas substantiellement (puisque la taille des caractères augmente, que les illustrations occupent plus d’espace et que la mise en page est plus aérée), il faut conclure que le volume des quotidiens ne répond pas à une demande plus forte d’espace rédactionnel de la part de la salle de rédaction mais plutôt à la pression de la demande d’espace publicitaire. L’évolution dans la présentation du journal se caractérise par une simplification et une normalisation de la matière typographique qui ont pour effet de rendre le journal plus lisible. La mise en page évolue dans le même sens : on passe d’une mise en page verticale particulièrement chargée à une mise en page horizontale ou modulaire. Ces transformations dans la présentation des journaux se font en réponse à la concurrence entre les quotidiens, mais surtout parce que la presse doit s’adapter à l’arrivée de la télévision, qui bouleverse le marché médiatique.

DE BONVILLE, Jean. « De quoi parle-t-on ? » [Chapitre 3]. In Les quotidiens montréalais de 1945 à 1985 : morphologie et contenu. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture, 1995. P. 97-130.

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L’analyse catégorielle du journal démontre que, structurellement, les quotidiens ne changent pas substantiellement, puisque les mêmes catégories demeurent adéquates et rendent compte de l’ensemble du contenu. À court terme, toutefois, de décennie en décennie, les mouvements conjoncturels accentuent ou contrarient des tendances générales. Du point de vue de ce dont parle le journal, les catégories liées aux activités de divertissement, de loisir et de consommation, en particulier à l’échelle locale, font des progrès aux dépens de préoccupations plus générales, dont la politique internationale constitue le principal exemple. La scène québécoise, en contrepartie, s’affirme à partir des années 1960. Si cette tendance peut facilement être associée aux transformations sociales de cette décennie, l’évolution du contenu thématique, en revanche, reflète sans doute l’adaptation de la presse quotidienne aux changements économiques. L’affluence de l’après-guerre entraîne une augmentation du pouvoir d’achat et un allongement de la durée du temps de loisir. Plus de temps pour se divertir et consommer et plus d’argent pour se procurer les biens et services associés au loisir : les quotidiens ajustent leur contenu thématique à ces nouvelles réalités, et des catégories comme le « sport » ou la « consommation » progressent sensiblement.

DE BONVILLE, Jean. « Comment le dit-on ? » [Chapitre 4]. In Les quotidiens montréalais de 1945 à 1985 : morphologie et contenu. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture, 1995. P. 131-154.

Résumé


Si l’on se fie aux indications qu’en donnent les journaux, de manière générale, les journalistes s’approprient de plus en plus le contenu. Le premier indice en est une meilleure identification des journalistes. Les journalistes en viennent à signer tous leurs textes, et l’anonymat, qui était la règle jusque-là, disparaît. Les genres journalistiques dénotent aussi une plus grande liberté d’expression des journalistes. En effet, les genres associés à l’opinion ou à l’expertise individuelle comme l’« analyse » ou la « chronique » progressent aux dépens de la « nouvelle », genre qui domine très largement jusque dans les années 1950, puisque, pour l’ensemble des quotidiens analysés, il passe de 72 % de la surface rédactionnelle en 1945 à 50 % en 1985.

DE BONVILLE, Jean. « Le journal et ses concurrents : unus inter pares » [Chapitre 5]. In Les quotidiens montréalais de 1945 à 1985 : morphologie et contenu. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture, 1995. P. 155-177.

Résumé


Une très forte cohérence se dégage entre les journaux dans le choix des sources d’information, des genres journalistiques, des thèmes et de l’aire géographique des articles. Si dans l’ensemble des quotidiens, la concordance demeure forte, quelque que soit la variable ou la décennie observées, certains journaux se ressemblent davantage dans leurs choix. Ainsi, les grands quotidiens d’information générale que sont La Presse et le Star (ou la Gazette) sont plus semblables malgré les différences de langue que ne peuvent l’être La Presse et Le Devoir.

DE BONVILLE, Jean. La presse québécoise de 1764 à 1914 : bibliographie analytique. Québec : Presses de l’Université Laval, 1995b. 351 p.

Résumé


La bibliographie compte plus de 2000 références accompagnées de résumés informatifs et classées selon un plan systématique comportant sept classes principales, subdivisées en 36 sous-classes : généralités (répertoires, bibliographies, ouvrages de synthèse), artisans de la presse (biographies, pensée et oeuvre d’imprimeurs, typographes, journalistes et éditeurs, conditions de travail et conditions de vie), conditions de fabrication de la presse (collecte, transmission et traitement de l’information, production et moyens techniques, financement et gestion de la presse, agences de publicité), contenu de la presse (présentation matérielle, politique rédactionnelle, idéologie, contenu politique, économique, socioculturel, littéraire et artistique, vocabulaire et style, publicité), propriété intellectuelle et contrôle du contenu (droit d’auteur et propriété intellectuelle, liberté de la presse, contrôle politique et clérical, droit de la presse), public de la presse (transmission et distribution des journaux, conditions socioculturelles des lecteurs, habitudes de lecture), rôle et influence de la presse. Les documents répertoriés appartiennent à deux grandes catégories : a) les travaux de recherche ou les essais sur la presse et le journalisme ; b) les textes des contemporains, de 1764 à 1914, sur la situation de la presse. À l’intérieur de chaque sous classe, les notices sont classées par ordre chronologique décroissant de publication de sorte qu’il est facile de distinguer les deux catégories de textes, les travaux de recherche étant généralement postérieurs à 1914 et les textes de la seconde catégorie étant nécessairement antérieurs à cette date. Cinq index permettent le repérage des références par sujets, par auteurs, par titres de monographies et de périodiques ; enfin, un index chronologique regroupe les références en classes et sous-classes thématiques sous quatre sections correspondant aux quatre régimes politiques qu’a connus le Québec durant la période couverte par la bibliographie (1764-1790, 1791-1839, 1840-1866, 1867-1914). Les notices de la bibliographie sont aussi disponibles dans la banque Biblios.

DE BONVILLE, Jean. « La recherche en histoire de la presse : bilan bibliométrique ». Documentation et bibliothèques, vol. 41, no. 3 (juill.-sept. 1995c), p. 169-173.

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La bibliographie La presse québécoise de 1764 à 1914 comprend un corpus de près de 840 écrits scientifiques, dont 23 % sont des travaux d’étudiants universitaires, 16 % des articles de revues savantes et le reste, des livres (11 %) ou parties de livres (50 %). Des quelque 200 travaux de recherche d’étudiants universitaires, 60 % sont des mémoires de maîtrise, 23 % des thèses de doctorat, tandis que les autres sont des documents produits pour l’obtention d’un ancien diplôme terminal de premier cycle en bibliothéconomie. Ces travaux de recherche universitaires se concentrent dans un nombre limité de secteurs : 38 % sont menés en histoire, 28 % le sont en lettres et littérature et une proportion à première vue étonnante en bibliothéconomie (14 %). La première thèse de doctorat portant sur la presse (un traité de droit sur la liberté de la presse) remonte à 1915, tandis que la première thèse de doctorat touchant spécifiquement l’histoire de la presse date de 1939. Le premier mémoire de maîtrise recensé date de 1925 et portait sur le journalisme canadien d’expression anglaise de la seconde moitié du XIXe siècle. À partir de 1939, il ne se passe aucune année sans qu’une recherche universitaire sur la presse des XVIIIe et XIXe siècles ne soit déposée, la moyenne étant de 3 thèses ou mémoires par année. La décennie de 1966 à 1976 est caractérisée par une productivité deux fois plus élevée, en partie sans doute attribuable à la vogue que connaît à cette époque l’étude des idéologies, dont la presse constitue le principal support. La provenance des écrits scientifiques du corpus est diversifiée, et la variété des auteurs est très grande. Si l’on exclut les articles du Dictionnaire biographique du Canada, auquel certains auteurs ont collaboré généreusement, rares sont les personnes qui comptent à leur actif plus de cinq textes sur l’histoire de la presse, et, si l’on en juge par les publications, aucun chercheur ne semble s’être fait une spécialité de l’histoire de la presse. Aucun périodique québécois ne s’intéresse de manière particulière à l’histoire de la presse. La seule revue savante en communication, Communication Information, n’a publié aucun article sur la presse des XVIIIe et XIXe siècles. Si l’on divise le siècle et demi couvert par la bibliographie en fonction des régimes politiques, on obtient quatre périodes d’inégale durée. Plus de la moitié des textes, soit 57 %, traitent de la dernière période (1867-1914). Il est question de la presse du Canada-Uni dans 46 % des écrits, de la presse bas-canadienne, dans 31 %, et de la presse de 1764 à 1791, dans 13 % des recherches. Au premier coup d’oeil, cette répartition semble équilibrée, mais si l’on considère le nombre moyen de journaux ou de revues créés à chaque année et la durée des périodes, la presse des trois premières décennies apparaît privilégiée. Plus de la moitié des textes portent sur la vie ou l’oeuvre de gens de presse (éditeurs, journalistes, imprimeurs, typographes), et plus d’un cinquième concernent le contenu, idéologique, littéraire, ou thématique, des journaux. Si l’on exclut les textes portant sur plusieurs sujets comme les travaux de synthèse ou les bibliographies (18 % des écrits scientifiques / 14 % des autres écrits), les autres dimensions de la vie de la presse demeurent négligées des chercheurs, tandis que les autres écrits se distribuent plus également entre les différents thèmes : vie et oeuvre des gens de presse (51 / 26 %), conditions de production des journaux (4 / 15 %), contenu des journaux (21 / 16 %), la propriété intellectuelle et le contrôle de la presse (4 / 15 %), la diffusion, la composition socioculturelle du public et les habitudes de lecture (1 / 8 %), le rôle et l’influence de la presse (1 / 6 %). Ces données bibliométriques dénotent une tendance très lourde en faveur de l’étude des individus, journaux aussi bien que journalistes. À une science théoriquement sous-développée, ils apparaissent comme autant de sujets de recherche prédéfinis, jouissant d’une existence objective. Au contraire, les sujets qui exigent du chercheur une certaine construction conceptuelle, même minime, sont victimes d’un manque d’intérêt systématique. La recherche québécoise sur la presse du XXe siècle, au-delà de la période couverte par la bibliographie, semble valoriser les mêmes thèmes et sous-estimer les mêmes aspects.

DE BONVILLE, Jean. « La presse dans le discours des évêques québécois de 1764 à 1914 ». Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 49, no. 2 (automne 1995d), p. 195-221.

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L’analyse de contenu des communications officielles (lettres pastorales, mandements, etc.) des évêques québécois publiées entre 1850 et 1914 démontre que les évêques ajustent leur discours aux conditions sociales, culturelles et politiques de leur époque. Les thèmes, l’argumentation et le ton même du discours changent donc sensiblement. La presse est d’abord perçue surtout comme une menace à la foi et à l’Église catholique. À la fin du siècle, en revanche, les évêques la considèrent comme un instrument de développement social et culturel qu’il importe de garder conforme à la morale catholique. Au début du XXe siècle, au moment où la presse d’information se répand, des évêques vont encore plus loin et proposent même de doter l’Église d’un véritable réseau de journaux et publications catholiques.

DE BONVILLE, Jean. « Le développement historique de la communication publique au Québec ». In Beauchamp, Michel. Communication publique et société : repères pour la réflexion et l’action. Boucherville : Gaëtan Morin, 1991. P. 1-49.

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La nature même de la communication publique a évolué depuis l’apparition des premiers imprimés québécois au XVIIIe siècle. Le sens des notions nécessaires pour décrire la communication publique (média, public, opinion publique) a lui-même changé. Afin de bien saisir cette évolution, nous observons comment les principales fonctions de la communication publique, que sont le journalisme, la publicité et les relations publiques, se sont distinguées l’une de l’autre en se spécialisant. Nous observons aussi les processus de diversification et d’industrialisation qu’ont subis les médias. Trois périodes sont circonscrites à grands traits, pour lesquelles les caractères particuliers des médias et des fonctions de communication sont dégagés. Le XVIIIe siècle est l’époque de l’apparition du premier média imprimé de communication publique, la gazette. Les médias et les fonctions de communication sont peu développés et dans un état de très faible spécialisation. Au XIXe siècle, la naissance du journal d’opinion est la conséquence de la création d’institutions parlementaires électives. La démocratisation du régime politique s’accompagne d’un élargissement de la liberté de la presse. Une amorce de spécialisation s’opère dans les fonctions de communication, mais les médias demeurent encore peu diversifiés. Au XXe siècle, de nouveaux médias apparaissent, et une industrie des communications est mise en place au moment où la consommation de masse se répand. Les fonctions et les médias de communication se spécialisent de plus en plus. Sur le plan linguistique, au cours de ces trois périodes, la tendance est à l’appropriation des médias et des fonctions de communication par les francophones québécois. Grâce à ces observations sur les médias et les fonctions de communication, à trois stades de leur évolution, il est possible de dégager un modèle pour expliquer le développement historique de la communication publique au Québec. Ce modèle est constitué d’un ensemble de propositions portant, d’une part, sur les fonctions et les médias de communication eux-mêmes et, d’autre part, sur leur contexte socio-économique.

DE BONVILLE, Jean. « Population, économie, transports et communications » [Chapitre 1]. In La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. P. 9-38.

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À la fin du XIXe siècle, plusieurs facteurs démographiques, économiques et techniques favorisent l’apparition de la presse à grand tirage au Québec. La population québécoise, favorisée par une croissance marquée, se concentre de plus en plus dans les villes. La population urbaine double presque de 1881 à 1911 (près 45 % en 1911), tandis que Montréal et sa banlieue immédiate profitent plus que toutes les autres régions de cette tendance (près de 27 % de la population québécoise y habite en 1911). Parmi les nombreux changements que l’urbanisation entraîne dans les conditions de vie, l’alphabétisation semble au plus au point liée à l’essor de la presse. En effet, la régression de l’analphabétisme est indispensable à la démocratisation de la lecture du journal. En même temps qu’elle gonfle ses effectifs, la ville étend son aire d’influence. L’extension du réseau ferroviaire et l’amélioration du service postal stimulent les échanges de biens, de personnes et d’informations entre la ville et la campagne, entre les villes canadiennes et même nord-américaines. L’expansion du réseau télégraphique et la mise en place du réseau téléphonique assurent la circulation rapide de l’information sur la presque totalité du territoire habité. Cette infrastructure de transport et de communication permet la mise en place d’une économie de marché qui, bénéficiant de l’expansion et de l’amélioration des services bancaires, assure l’intégration des activités agricoles, entraîne l’amélioration des conditions de vie de la population urbaine et l’augmentation du pouvoir d’achat de l’ensemble de la population. Néanmoins, les changements économiques de la fin du siècle ne s’expliquent pas seulement par un accès plus aisé aux marchés. Encore faut-il s’assurer d’une croissance de l’offre. Or, la mécanisation transforme de nombreux secteurs de l’activité industrielle. La production de biens de consommation courante, en particulier, profite de l’introduction d’importants changements techniques. La production manufacturière en vient à excéder la demande, qu’il faut désormais stimuler.

DE BONVILLE, Jean. « Sociographie et géographie de la presse québécoise » [Chapitre 2]. In La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. P. 41-87.

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Dans l’ensemble, de 1884 à 1914, la presse québécoise connaît un double processus d’extension et de concentration. Du point de vue de l’extension, on observe un plus grand nombre de titres, publiés dans un plus grand nombre de villes, desservant un plus grand nombre de régions, si bien qu’en 1914 toutes les régions du Québec possèdent un journal. Même si la distribution de l’effectif est inégale, des journaux sont publiés jusqu’en Gaspésie ou au Saguenay. L’extension du réseau ferroviaire et l’émergence d’un grand nombre de petits centres urbains expliquent largement cette évolution. Par ailleurs, le phénomène de concentration se manifeste dans la réduction du nombre de titres dans chaque agglomération. Le tassement est particulièrement sensible parmi les quotidiens de Montréal et de Québec. L’industrialisation progressive de l’imprimerie de presse, qui implique une plus grande capitalisation, est largement responsable de ce processus. Les feuilles de langue anglaise continuent de dominer le paysage de la presse québécoise : leur proportion de l’effectif excède largement le poids démographique de la population anglophone. Sur le plan politique, un nombre de plus en plus élevé de journaux, à l’instar des grands quotidiens montréalais, s’affranchit de la tutelle des partis.

DE BONVILLE, Jean. « L’entreprise de presse : de l’artisanat à l’industrie » [Chapitre 3]. In La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. P. 89-155.

Résumé


De 1884 à 1914, les assises matérielles et financières de la presse s’élargissent et se renforcent. De nombreuses innovations techniques améliorent le rendement de l’entreprise mais, en même temps, exigent de plus grands investissements. Sur cette trame de fond qui met en perspective l’ensemble de la presse, tous les journaux n’ont pas le même relief. On peut invoquer différents facteurs pour expliquer la vitalité plus ou moins grande de chaque journal: la périodicité, la localisation et les qualités de l’entrepreneur figurent parmi ces critères de différenciation.

DE BONVILLE, Jean. « Le journaliste : du rédacteur au reporter » [Chapitre 4]. In La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. P. 157-203.

Résumé


En trois décennies, les modes de production du journal quotidien subissent des transformations profondes. Un rédacteur qui quitterait la salle de rédaction un soir de 1884 pour n’y revenir qu’en 1914 ne reconnaîtrait pas son journal. Il y trouverait de nouveaux locaux, spacieux et éclairés à l’électricité, et une équipe de journalistes presque décuplée. De fait, l’entreprise de presse atteint une telle envergure financière qu’elle autorise des dépenses importantes pour la rédaction du journal. On se limitait naguère au découpage systématique des feuilles concurrentes et à une réécriture sommaire des textes retenus ; on ajoutait les articles soumis au journal par quelques collaborateurs et partisans ; un éditorial, le feuilleton, une colonne de dépêches venaient parachever le tout. Peu à peu, le journal se libère de la dépendance trop étroite à l’égard de certaines sources d’information, politiques et cléricales, qui régissent son contenu. En effet, l’éditeur dispose de plus de moyens pour assurer la collecte et le traitement des informations. Le développement du réseau de transport permet des déplacements plus rapides vers la scène de l’événement. De même, le télégraphe innerve l’ensemble du territoire habité et facilite la transmission des nouvelles locales, tandis que le téléphone qui permet une communication bi-directionnelle et simultanée avec les sources d’information. Le journaliste peut désormais dicter, de l’extérieur, son article au rédacteur présent dans la salle de rédaction. Les moyens de transport et de communication assurent un travail plus rapide et plus facile. Reporters et correspondants deviennent les artisans les plus nombreux et les plus importants du journal. Cependant, ils ne sont pas les plus prestigieux. Selon les témoignages des contemporains, le reporter est sous-payé et moins scolarisé que les rédacteurs d’autrefois. Travaillant sous pression, il incarne l’impératif qui désormais règle la conduite du journal : la nouvelle. Les reporters forment une équipe mobile qui se déplace rapidement pour recueillir sur le vif les faits et gestes des protagonistes de l’actualité. En dehors de la ville et de sa banlieue, rayon d’action des reporters, on compte sur des correspondants qui se font les reporters locaux du journal. On consent aussi plus volontiers à certaines dépenses pour obtenir des nouvelles internationales. Les quotidiens s’abonnent à des services télégraphiques ; quelques-uns ont même, sur place, des préposés qui reçoivent les dépêches de leurs correspondants au Canada et à l’étranger. Les quotidiens anglophones accordent généralement plus d’importance à la nouvelle. Ils estiment de leur devoir d’offrir un service télégraphique de qualité ; ils sont aussi les premiers à promouvoir l’arrivée des reporters dans les salles de rédaction au cours des années 1870. Cependant, tous ces changements semblent ne concerner que la presse quotidienne. En effet, l’hebdomadaire de province demeure toujours le fruit du labeur d’un rédacteur et, à l’occasion, d’un « assistant-rédacteur ». Ces derniers s’occupent des correspondances locales et assurent eux-mêmes, comme on le fait à la ville, le reportage de quelque événement local ; ils rédigent l’éditorial et découpent dans les feuilles qu’ils reçoivent les textes nécessaires pour remplir les autres colonnes. La presse de province vit en marge d’une presse quotidienne qui, à Montréal et, avec quelques années de retard, à Québec, adapte ses méthodes à de nouveaux impératifs et à de nouvelles conditions de production.

DE BONVILLE, Jean. « Le journal : de l’opinion à la nouvelle » [Chapitre 5]. In La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. P. 205-251.

Résumé


La presse quotidienne et la presse hebdomadaire présentent, en 1914, une image bigarrée qui contraste avec la monotonie de la presse du début des années 1880. Quelques quotidiens entreprennent à la fin du siècle des modifications dans leur contenu, puis dans leur présentation, qui métamorphosent le visage de l’ensemble de la presse quotidienne. Le mouvement voit le jour chez les quotidiens anglophones, le Witness, la Gazette et particulièrement le Star, plus soucieux que leurs concurrents francophones de nouvelles et de reportages. Le Star s’adonne, dans les années 1880, à un journalisme populaire pour lequel la nouvelle locale présente un grand intérêt. La Presse emboîte le pas au Star et le précède rapidement sur la voie du changement. La nouvelle locale et les faits divers s’imposent à la une et les gros titres bouleversent l’équilibre typographique traditionnel. Le succès de La Presse et du Star oblige leurs concurrents à emprunter leurs thèmes et leurs méthodes de traitement. La Patrie et le Herald ne tardent pas à les imiter, tandis que le Witness et la Gazette montrent plus de réticence à le faire. Les nouvelles occupent, dans l’ensemble des quotidiens, un espace toujours croissant. La part de l’opinion perd beaucoup de terrain. En 1880, le commentaire du rédacteur occupe un espace que la nouvelle ne peut combler. L’expansion des moyens de transport et de télécommunication, ainsi que l’augmentation des ressources financières occasionnée par une publicité de plus en plus abondante, permet d’affecter plus de personnel au reportage et de diversifier les champs d’intérêt des reporters. En même temps que la prolifération des nouvelles et de la publicité exerce une pression sur le cadre étroit de la traditionnelle feuille de quatre pages, la productivité accrue de nouvelles rotatives, l’introduction de la composition mécanique et la chute des prix du papier journal font éclater les contraintes physiques. À la fin du XIXe siècle, le quotidien connaît une véritable mutation morphologique. Typographie, illustration et mise en page accentuent les caractéristiques du nouveau journalisme. Les reportages se développent ; les nouvelles sont plus longues, plus détaillées, et les artifices typographiques en accusent l’intérêt particulier. Enfin, les articles forment une mosaïque composée d’ensembles thématiques : sport, politique, crimes et faits divers, économie, etc. Dans cette édition quotidienne, clairement indexée par les titres et systématiquement organisée par la mise en page, la nouvelle occupe une place de premier plan. Selon les critiques du nouveau journalisme, l’accessoire a remplacé l’essentiel : les idées et la tradition. Pour d’autres, la réalité prend le pas sur les préjugés. Le triomphe de la nouvelle coïncide avec la hausse de l’intérêt pour les événements locaux. La dimension locale, qui correspond à l’environnement immédiat du journaliste et du lecteur, l’emporte sur la dimension internationale, plus éloignée et plus abstraite. Avec un certain retard et plus de discrétion, l’ensemble de la presse hebdomadaire adopte en partie les normes imposées par les quotidiens : la nouvelle locale se généralise, la présentation se diversifie. Il existe entre les hebdomadaires des différences aussi marquées qu’entre les quotidiens. Cependant, toutes les publications contribuent de quelque manière à la mutation du tournant du siècle. Ces modifications s’imposent d’autant plus instamment que la concurrence des quotidiens urbains met leur existence en péril. Les quotidiens, naguère limités à une faible diffusion à l’extérieur de Montréal et de Québec, envahissent, dès le début du XXe siècle, l’ensemble du Québec. L’évolution du contenu du journal, en somme, va de pair, avec elle de son public.

DE BONVILLE, Jean. « Le public du journal : de l’élite au peuple » [Chapitre 6]. In La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. P. 253-310.

Résumé


Même si le tirage de l’ensemble de la presse augmente, le mouvement n’est pas égal. Les quotidiens connaissent une croissance beaucoup plus rapide que les hebdomadaires. Mais l’évolution de la presse quotidienne ne répond pas à un scénario unique. À Montréal, la hausse est forte, rapide, soutenue. À Québec, au contraire, les progrès sont hésitants : cela s’expliquerait par leur orientation idéologique, puisqu’il s’agit dans tous les cas de feuilles partisanes. La progression de ces journaux est plus lente et moins marquée que celle des journaux d’information, émancipée de la tutelle des partis politiques. Au cours de la première décennie du siècle, les feuilles partisanes déploient des efforts constants pour s’adapter à la concurrence de la presse d’information et en récoltent les fruits à la fin de la même décennie. Leur succès n’égale pas celui des quotidiens indépendants dont le premier but, en ce qui concerne la politique rédactionnelle, consiste à plaire au public. La Presse, le Star et, loin derrière, La Patrie dominent largement la presse quotidienne traditionnelle. La presse hebdomadaire de province connaît une croissance soutenue, mais modeste. Ses tirages suivent une courbe semblable à celle de la presse quotidienne traditionnelle. Le fort mouvement à la hausse des hebdomadaires s’explique en grande partie par la poussée des titres montréalais, en particulier des éditions hebdomadaires des quotidiens. La montée en flèche des tirages à partir de la fin du XIXe siècle se traduit par une pénétration massive de la presse quotidienne, dont témoigne le taux de pénétration. Ces progrès s’expliquent de plusieurs manières. L’éditeur propose un journal plus attrayant, plus rapidement imprimé et à meilleur prix. Il en fait une mise en marché énergique, à laquelle participe même le contenu de la publication. Le public est aussi plus accessible, grâce au développement du réseau ferroviaire et à l’amélioration du service postal. L’urbanisation rend disponible un public nouveau et plus nombreux. La concentration à la ville a comme corollaire la transformation du tissu social : les modes de communication s’adaptent à la ville ; le besoin d’échanger se reporte sur la presse quotidienne, média adapté à l’anonymat de l’environnement urbain. Le revenu nominal sinon réel augmente ; la majorité des citadins disposent désormais de l’argent nécessaire à l’achat de l’exemplaire quotidien d’un journal. Enfin, l’urbanisation accélère l’alphabétisation si bien que toute la population adulte est désormais accessible à l’éditeur. La Presse et le Star sortent vainqueur de la course au public, majoritairement issu des couches populaires et qui, de ce fait, recherche un quotidien plus facile à lire, plus sensible à ses préoccupations, à ses goûts. Les contemporains associent ces quotidiens et leurs imitateurs à une presse « commerciale », « mercantile ».

DE BONVILLE, Jean. « La publicité : fondement de la presse marchande » [Chapitre 7]. In La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. P. 313-354.

Résumé


Dans le journal du XIXe siècle, les conditions de publication des annonces publicitaires se négociaient généralement directement entre l’éditeur et les annonceurs. La clientèle d’annonceurs était surtout composée d’hommes d’affaires de la localité ou de la région et la majorité des annonces concernaient des services ou des produits locaux. À la fin du siècle, dans plusieurs grands quotidiens, les conditions et le contenu de la publicité changent substantiellement. Les annonces des particuliers sont regroupées dans une rubrique d’« annonces classées », tandis que les annonces commerciales, qui occupent souvent des pages entières, de plus en plus vantent les mérites de biens manufacturés pour un marché continental et vendus sous marque de commerce. Les recettes publicitaires deviennent la source de revenu principale des quotidiens populaires à grand tirage. L’augmentation de la publicité nationale va de pair avec le développement rapide des agences publicitaires. Apparues au milieu du XIXe siècle aux États-Unis, celles-ci font leur apparition au Québec en 1889, avec la création de l’agence A. McKim and Co. Les transformations de l’activité publicitaire des journaux et, plus généralement, de l’industrie publicitaire, ont des répercussions profondes sur la presse. Mais les deux phénomènes s’expliquent par des transformations dans l’ensemble de l’économie. Durant le dernier quart du XIXe siècle, le développement de l’industrie manufacturière attire vers la ville des dizaines de milliers de travailleurs manuels. Comme les propriétaires de journaux veulent profiter de l’afflux de cette clientèle virtuelle, ils procèdent à une série de changements : baisse du prix de vente, contenu adapté aux classes populaires, etc. Pour satisfaire à la nouvelle demande qu’il sollicite, l’éditeur doit consentir des investissements importants. Seules les nouvelles rotatives lui permettront les tirages qu’il anticipe. Pour produire le journal attrayant que les nouveaux citadins liront, il lui faut aussi engager d’autres journalistes et des illustrateurs. Les dépenses liées à la publication du journal populaire dépassent largement les revenus du journal traditionnel. En augmentant le prix de vente, l’éditeur s’aliénerait une partie de la clientèle convoitée. Le mécénat traditionnel, partis politiques et clergé, ne saurait soutenir l’ambition de l’éditeur, puisque le nouveau contenu et la nouvelle clientèle du journal sont pour eux bien plus menaçants qu’attrayants. Or, la production manufacturière augmente et les industriels se livrent une vive concurrence ; ils cherchent à accroître leur part du marché. Pour parvenir à leurs fins, ils disposent de la panoplie de l’entreprise commerciale : colportage, vente par la poste, distribution en gros et au détail. Les éditeurs parviennent à convaincre les producteurs que la publicité dans le journal quotidien est un moyen souple, efficace et peu coûteux de sollicitation. Le profil socio-économique du lecteur de quotidien et celui du consommateur coïncident. Pour captiver la clientèle toujours plus nombreuse que souhaite l’annonceur, le journal devient plus attrayant, plus volumineux et plus complet. Les changements techniques ne cessent d’encourager les ambitions des éditeurs. Les agences de publicité expriment les exigences des producteurs et contribuent à établir une entente qui soit acceptable et profitable à la fois aux annonceurs et aux éditeurs. Elles participent à la mise au point d’instruments efficaces de mesure et d’évaluation de l’auditoire, notamment l’Audit Bureau of Circulations en 1914. Sous leur influence, la réclame devient une véritable rhétorique de la persuasion commerciale. Les publicitaires doivent eux aussi démontrer leur utilité, d’abord au producteur, pour favoriser la circulation de ses marchandises, et ensuite à l’éditeur, pour assurer le financement de son journal.

DE BONVILLE, Jean. La presse québécoise de 1884 à 1914 : genèse d’un média de masse. Québec : Presses de l’Université Laval, 1988. 432 p.

Résumé


Des changements profonds, d’ordre technique, sociodémographique et économique, transforment la presse québécoise entre 1884 et 1914. La presse d’opinion fait place au journal d’information et à la presse à grand tirage. Cette mutation est explicable par un ensemble de facteurs d’importance variable dont l’effet est cumulatif. Certains facteurs sont extérieurs au journal : croissance démographique, urbanisation, industrialisation, alphabétisation, développement des réseaux de transport et de télécommunication. Sur la toile de fond de ces transformations, Montréal s’impose comme principal centre d’édition. La presse quotidienne se concentre dans la métropole et à Québec. Le nombre de journaux partisans décline au profit des journaux indépendants. L’entreprise de presse, en particulier chez les quotidiens, connaît une croissance financière rapide. L’achat de rotatives et de linotypes, la construction d’immeubles imposants, l’augmentation du nombre d’employés et de la valeur des matières premières expliquent la hausse des dépenses de l’entreprise. La pratique du journalisme s’adapte à ce nouveau milieu de travail : rodage des techniques de reportage, multiplication des sources d’information, spécialisation de l’effectif. Le journal quotidien subit une transformation de fond et de forme : nouvelles plus abondantes, mise en page plus aérée exploitant illustrations et gros titres. Ces changements dans le journal coïncident avec une augmentation rapide du nombre de lecteurs. L’ensemble de ces transformations exige une croissance des revenus que seules peuvent satisfaire les recettes publicitaires. Or, la croissance industrielle, l’élargissement des marchés, la multiplication des marques de commerce, la naissance et l’essor des agences de publicité entraînent la hausse des recettes publicitaires. La publicité précipite les changements dans le contenu du journal et dans les méthodes éditoriales parce que les annonceurs désirent atteindre un public plus vaste, réfractaire à la presse traditionnelle. La publicité explique donc le développement du journal d’information et le déclin de la presse d’opinion.

DE BONVILLE, Jean. « La liberté de presse à la fin du XIXe siècle : le cas de Canada-Revue ». Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 31, no. 4 (mars 1978), p. 501-523.

Résumé


Récit du conflit entre Édouard-Charles Fabre, évêque de Montréal et Aristide Filiatreault, éditeur d’un hebdomadaire libéral radical, le Canada-Revue. Ces démêlés mettent en lumière la conception de la liberté de la presse des milieux catholiques du Québec. Le conflit se termine par la disparition du journal.

DE BONVILLE, Jean. Le journaliste et sa documentation : sources d’information et habitudes documentaires des journalistes de la presse quotidienne francophone du Québec. Québec : Edi-Gric, 1977. 236 p.

Résumé


Résultats d’une étude sur les diverses sources d’informations écrites utilisées par les journalistes de la presse francophone du Québec et sur leurs habitudes documentaires. Après les considérations méthodologiques, les variables susceptibles d’influencer le comportement documentaire des journalistes dans la cueillette de l’information sont examinées. Les diverses sources d’information documentaire sont décrites. Le journaliste utilise une documentation personnelle en plus de fréquenter les centres de documentation. On propose enfin une réflexion prospective sur la documentation de presse.

DE BONVILLE, Jean et DARISSE, Cyntia. « L’évolution du Devoir vue à travers les structures de son contenu ». Communication, vol. 29, no. 2, (2012).

Résumé


Cet article décrit l’évolution du contenu rédactionnel du quotidien montréalais Le Devoir depuis les premières années de sa fondation jusqu’au début du XXIe siècle. Quatre dimensions structurelles du contenu sont soumises à l’analyse. Celle-ci permet de répondre aux questions suivantes : qui sont les auteurs des articles ? Sur quels sujets portent les articles ? Quelles sont les aires géographiques ou géopolitiques dont il est question dans les articles ? Quels sont les genres journalistiques pratiqués ?

DE BONVILLE, Jean et DARISSE, Cyntia. « Le Devoir des annonceurs: évolution du contenu publicitaire pendant un siècle ». Communication, vol. 29, no. 2 (2012).

Résumé


Cet article présente les résultats d’une analyse de l’espace publicitaire du quotidien montréalais Le Devoir effectuée sur la base d’un échantillon d’annonces couvrant les cent premières années d’existence du journal. Les publicités sont observées selon trois dimensions distinctes, soit l’aire géographique des annonceurs, la nature des objets publicitaires présentés et le secteur d’activité socioéconomique auquel appartiennent les annonceurs. L’observation de ces variables permet de dégager les tendances particulièrement significatives de l’évolution de la publicité dans Le Devoir sous l’influence des conjonctures économiques et sociopolitiques majeures.

DE BONVILLE, Jean et DESCHÊNES, Ulric. « Individu ou collectivité, diachronie ou synchronie : modèle de traitement de l’information pour concilier ces dimensions ». Histoire & mesure, vol. 11, no. 1/2 (1996), p. 93-117.

Résumé


La recherche historique s’intéresse à l’évolution des collectivités, mais aussi au destin des individus qui en font partie. Cependant, ces deux perspectives sont demeurées longtemps inconciliables, faute de méthodes capables de rendre compatibles les données longitudinales avec des données transversales. Pour surmonter cette difficulté, il faut concevoir un système de traitement de l’information capable de tenir compte de toutes les caractéristiques possédées par chacun des individus d’une population donnée à chacun des moments d’une période donnée. Ce système a été expérimenté pour la constitution d’une banque de données sur la presse. Les renseignements factuels concernant des périodiques individuels servent, dans ce cas, à reconstituer l’histoire de chaque publication. De plus, ces renseignements peuvent être traités automatiquement par ordinateur pour produire des statistiques descriptives concernant l’ensemble des publications et pour effectuer, sur cette population, des tests et mesures statistiques usuels.

DE BONVILLE, Jean et LAURENCE, Gérard. « Sociographie historique de la presse quotidienne québécoise ». In ROBY, Yves et VOISINE, Nive. Érudition, humanisme et savoir : hommage à Jean Hamelin. Québec : Presses de l’Université Laval, 1996. P. 351-375.

Résumé


À partir des données disponibles dans le répertoire La presse québécoise des origines à nos jours d’André Beaulieu et de Jean Hamelin, complétées par des renseignements concernant les tirages extraits de plusieurs sources historiques et des statistiques démographiques tirées des recensements canadiens, les auteurs décrivent le comportement démographique des quotidiens québécois (naissances, disparitions, durée de vie, etc.), tracent la courbe des tirages et mesurent la pénétration de la presse quotidienne. L’analyse commence au milieu du XIXe siècle avec l’apparition des premiers quotidiens, dont les auteurs évoquent les conditions d’émergence, et s’arrête en 1975.

DE BONVILLE, Jean et MOREAU, Lise. « Journalistes et magistrats: le concept d’identité discursive appliqué à la couverture de l’actualité judiciaire en 1950 et 2000 ». In BRIN, C., CHARRON, J. et DE BONVILLE, J. Nature et transformation du journalisme: théorie et recherches empiriques. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004. P. 317-367.

Résumé


Partant du principe que l’identité sociale des journalistes en tant que producteurs professionnels de discours ne peut pas ne pas s’exprimer à travers leurs choix discursifs (de quoi ils parlent, ce qu’ils en disent et la manière dont ils le disent), les auteurs cherchent à saisir l’identité professionnelle des chroniqueurs et reporters judiciaires à travers les traces linguistiques et textuelles laissées dans un corpus de nouvelles publiées en 1950 et en 2000 dans le quotidien La Presse et portant sur des procès de diverses natures. Si, en effet, il y a crise paradigmatique, on doit supposer que l’identité sociale des journalistes telle qu’elle s’exprime dans leur discours s’en trouvera profondément transformée. La notion d’identité discursive permet de conceptualiser et d’observer de tels changements. Il apparaît en tout cas qu’entre 1950 et 2000, les relations entre la magistrature et les journalistes telles qu’elles se donnent à lire dans le compte rendu des procès ont changé radicalement de nature. En 1950, le journaliste est, discursivement, au service de la magistrature ; le compte rendu de procès adopte des normes de présentation et des critères de pertinence qui sont ceux de l’institution judiciaire elle-même. En 2000, le rapport est inversé : la cour n’apparaît plus comme une instance d’administration de la justice ; elle est devenue un lieu de création d’événements, dont le journaliste rend compte suivant des critères et des formats proprement médiatiques.

DE BONVILLE, Jean et VERMETTE, Jacques. « Télévision et unité nationale : la couverture de l’actualité canadienne à Radio-Canada, 1977 et 1987 ». Revue canadienne de science politique, vol. 27, no. 4 (décembre 1994), p. 699-716.

Résumé


Dans une analyse de contenu réalisée en 1977 pour le compte du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, Arthur Siegel constatait que la langue des réseaux français et anglais influençait fortement l’image de la réalité géopolitique canadienne présentée par les journaux télévisés de ces deux réseaux. Une analyse comparative menée en 1987 établit que la couverture des nouvelles canadiennes n’a guère évolué malgré les incitations du CRTC et la volonté de la direction de Radio-Canada. La concurrence entre les stations de télévision publiques et privées de même que les normes professionnelles des journalistes sont des explications plus efficaces de cette situation que les préjugés politiques attribués aux journalistes.

DE BONVILLE, Jean et VERMETTE, Jacques. « Le journal télévisé : proposition d’une méthode d’analyse de la télévisualisation ». Communication et information, vol. 10, no. 1 (printemps 1989), p. 63-93.

Résumé


Les topiques journalistiques (les 5 W du reportage américain) servent de critère pour comparer la contribution des deux modes de communication, sonore et visuel, au contenu du journal télévisé. Le texte parlé des nouvelles est découpé en macro-structures sémantiques, telles que définies par Teun van Dijk. Pour chaque élément d’information, on établit la composition visuelle de l’écran, en tenant compte de quatre dimensions : surface et profondeur de l’écran, objet et support de l’image. L’unité d’analyse est le télésyntagme, défini comme un segment de nouvelle présentant une unité de temps, de lieu, de source sonore et de support visuel. La technique permet d’évaluer la redondance, la pertinence et l’exhaustivité de la bande visuelle par rapport à la bande sonore du journal télévisé.

DEMERS, Sylvie et DE BONVILLE, Jean. « Le contenu iconographique du journal Le Devoir de 1945 à 2005 ». Communication, vol. 29, no. 2, (2012).

Résumé


Cet article dresse un portrait général de l’évolution du contenu pictural du journal montréalais Le Devoir entre 1945 et 2005. Une analyse de contenu catégorielle met en évidence l’évolution des deux rôles plus ou moins implicitement confiés à la photographie : rapporter les évènements et rendre le journal plus attrayant. Les auteurs examinent des variables fondamentales quant à la nature des images et à la place qui leur est consentie dans le journal à travers les décennies.

DESCHÊNES, Ulric. « L’analyse du discours de presse à l’ère informatique : quelques principes et applications ». In RIEFFEL, Rémy et WATINE, Thierry. Les mutations du journalisme en France et au Québec. Paris : Éditions Panthéon Assas, 2000. P. 101-117.

DESCHÊNES, Ulric. « Légitimation et système normatif : une étude de la jurisprudence du Conseil de presse du Québec ». Communication, vol. 17, no. 2 (1996), p. 169-187.

Résumé


L’auteur s’attache à décrire les caractères du discours déontologique du Conseil de presse du Québec, en s’appuyant sur la définition conceptuelle de son mandat et sur la lecture de ses décisions. Cette analyse démontre la partialité du Conseil et l’arbitraire de son processus décisionnel. Le Conseil parvient à maximiser les responsabilités morales et à minimiser les responsabilités concrètes de la presse, en subordonnant son imputabilité à sa nécessaire liberté. Dans sa jurisprudence, il applique un système normatif dont l’indétermination confère une cohérence apparente à des jugements sur des pratiques indéterminées. L’ambivalence de l’argumentation et des interventions du Conseil témoignent du déphasage entre ce système normatif et les pratiques effectives de la presse, et des tentatives du Conseil de réconcilier les deux afin de conforter la légitimité des entreprises de presse et des journalistes.

DESJARDINS, Lilie. « Journalisme justicier : essai de typologie ». Les Cahiers du journalisme, no. 14 (2005), p. 278-287.

Résumé


Il suffit de mettre en parallèle quelques définitions du journalisme d’enquête pour se rendre compte de sa conception polysémique. Cette polysémie est à l’origine de l’élaboration d’une typologie distinguant le journalisme d’enquête de types qui lui sont souvent apparentés. La typologie dite du journalisme justicier compte quatre types journalistiques idéaux, soit le journalisme d’enquête, le journalisme de dénonciation, le journalisme de médiation et le journalisme de consommation. Les critères de classification de ces types et leur description suivent l’illustration ci-après de la conception polysémique du journalisme d’enquête. Enfin, un tableau récapitulatif des éléments distinctifs de chaque type du journalisme justicier clôt cet article.

DUBOIS, Judith. Bouleversements médiatiques et qualité de l’information : Enquête auprès de 121 professionnels de l’information québécois. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2016. Coll. Études de communication publique. No. 20, 83 p.

Résumé


Les nombreux changements qu’ont connus les médias d’information québécois au cours des 15 dernières années ont-ils nui à la capacité des journalistes de produire de l’information de qualité ? Cette étude dévoile les résultats d’une consultation à laquelle ont participé 121 professionnels de l’information. Les répondants étaient appelés à définir leur perception de ce qu’est la qualité de l’information et à se prononcer sur l’influence, sur le travail journalistique, de facteurs tels que les innovations technologiques, les conditions de travail, la propriété des médias, les ressources disponibles et les rapports avec le public. Si les professionnels consultés ont souligné un certain nombre d’aspects positifs liés aux facteurs analysés, dans la plupart des cas, les conséquences découlant des changements des dernières années semblent converger vers un point : le manque grandissant de temps pour faire de la recherche et approfondir les contenus.

DUBOIS, Judith. « Traitement et mise en valeur de l’information dans La Presse de 1884 à 1915: des transformations inspirées par la volonté de plaire ». The Canadian Journal of Media Studies, vol. 11, no. 1 (2013).

DUBOIS, Judith. « L’information internationale dans le quotidien La Presse au tournant du XXe siècle : une progression marquée par l’attrait de la proximité ». Communication Information, vol. 28, no. 2 (2011).

Résumé


À la lumière d’une analyse de contenu couvrant une période de 30 ans, l’auteure constate que le développement du « nouveau journalisme », au tournant du vingtième siècle, a fait régresser l’information internationale à la Une du quotidien québécois La Presse. L’intérêt pour l’information « de proximité », caractéristique du « nouveau journalisme », a notamment favorisé de manière croissante la couverture des événements locaux, régionaux et provinciaux au détriment de sujets internationaux. Ce recul de l’information internationale ne semble pas avoir affecté la popularité du journal puisque l’on note une hausse considérable des tirages de La Presse au cours de cette même période.

GAUTHIER, Gilles. L’histoire conceptuelle d’un compromis. La proposition Bouchard – Taylor sur le port de signes religieux par les agents de l’État. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2019. 44 p.

Résumé


Le texte analyse le développement conceptuel du compromis Bouchard – Taylor sur le port de signes religieux par les agents de l’État. Il retrace les différentes phases de sa conception, de sa compréhension et de sa réception, en mettant en évidence comment le compromis a évolué entre proposition rationnelle et consensus politique. Le texte explicite également les liens entre le compromis Bouchard – Taylor et des problématiques afférentes, notamment la nature de la laïcité et le rapport de l’interculturalisme au multiculturalisme.

GAUTHIER, Gilles. « Le vouloir dire argumentatif. Intentionnalité et expression des arguments » Argumentum, vol. 13, no. 1 (2015), p. 7-25.

Résumé


Aborder l’argumentation du point de vue de la théorie des actes de discours permet à la fois de mettre au jour l’intentionnalité qui l’anime, c’est-à-dire le rôle moteur qu’y jouent les d’états mentaux, et de rendre compte de la manifestation du vouloir dire qui la constitue en expression littérale et en expression non littérale. Dans ce texte, l’auteur s’attarde plus spécifiquement aux actes de discours indirects.

GAUTHIER, Gilles. « How the Moral Argumentation Makes the Public Debate Asymmetric ». Journal of Argumentation in Context (2014, à paraître).

GAUTHIER, Gilles. « L’argumentation morale dans le débat public. Une confrontation asymétrique ». Ethica, vol. 18, no. 1 (2013), p. 119-138.

Résumé


Une analyse des débats sur la peine de mort et le mariage gai révèle que le recours à une justification morale a pour conséquence de rendre le débat public asymétrique, c’est-à-dire que les positions qui s’y affrontent sont déphasées l’une par rapport à l’autre. Cet effet est entraîné par une maxime argumentative suivant laquelle une justification morale appelle conventionnellement une justification amorale. Cette maxime argumentative et la dissymétrie qu’elle cause sont examinées à la lumière d’une distinction entre deux types de justification morale : par référence élémentaire et par qualification nominale. Deux autres débats sont analysés, celui sur « l’affaire Juppé » et celui sur les transfuges politiques, afin de mettre en évidence comment la prise de position journalistique est marquée par la maxime argumentative et l’effet d’asymétrie qui en découle.

GAUTHIER, Gilles. « La justification morale dans le débat public. Un exemple : l’affaire Juppé ». Communication, vol. 31, no. 2 (2013).

Résumé


L’article traite de l’usage de la justification morale dans le débat public. L’analyse porte sur un exemple : le débat suscité en 2005 au Québec par l’invitation faite à Alain Juppé d’être professeur invité à l’École Nationale d’Administration Publique. Deux arguments sont distingués : celui de l’exigence d’honnêteté de l’administration publique et celui de l’obligation morale de l’enseignement universitaire. Un traitement formel de ces deux arguments met en lumière leur faiblesse fondationnelle. En conclusion, est évoqué l’effet de cette carence argumentative sur le rapport entre moralité et rationalité.

GAUTHIER, Gilles. « Le cadre éristique du débat argumentatif. L’exemple du débat sur le pluralisme et la laïcité ». Communication, vol. 30, no. 2 (2012).

Résumé


L’auteur soutient que les débats publics ne sont plus de véritables échanges argumentatifs en raison du cadre éristique dans lequel ils sont menés. Le concept est emprunté à Schopenhauer, mais le sens premier de procédé discursif a été élargi. À l’aide du débat québécois sur la laïcité, six composantes du concept élargi d’éristique sont dégagées et analysées : l’intensification d’une opposition superficielle ou marginale, le découpage de la question, la théorisation nébuleuse, le positionnement par rapport à l’adversaire, l’usage d’arguments stratégiques et la considération d’un élément contextuel périphérique.

GAUTHIER, Gilles. « La moralisation du débat public. Structuration des arguments moraux ». Communication & Langages, vol. 172 (2012), p. 97-118.

Résumé


La question examinée dans cet article est celle de savoir comment un débat public acquiert une dimension morale. L’analyse se veut non pas sociologique mais logique : il s’agit de mettre en évidence les traits structuraux ou les conditions formelles suivant lesquels un débat public est considéré comme étant moral. Le postulat antinaturaliste du travail est qu’il n’y a pas de débat intrinsèquement moral et que la moralité advient à un débat quand une considération morale est développée au sujet de la question en litige. L’auteur identifie deux types de moralisation : par référence élémentaire et par qualification morale. À la suite, sont caractérisés deux modes paradigmatiques : par imbrication d’un ou de plusieurs arguments et par imbrication d’un ou de plusieurs argument(s) et d’une opinion.

GAUTHIER, Gilles. « L’argumentation éditoriale du Devoir sur la question nationale. Du fédéralisme de Claude Ryan au souverainisme de Lise Bissonnette ». Communication, vol. 29, no. 2 (2012), numéro hors série.

Résumé


Cet article caractérise et compare la position fédéraliste de l’ex-directeur Claude Ryan et la position souverainiste de l’ex-directrice Lise Bissonnette du quotidien montréalais Le Devoir. L’analyse de leurs éditoriaux montre que le désaccord entre les positions fédéraliste de Ryan et souverainiste de Bissonnette ne résulte pas d’une divergence sur le nationalisme québécois. Au contraire, tous deux font l’impasse sur le nationalisme et leurs positions apparaissent davantage en continuité qu’en rupture.

GAUTHIER, Gilles. « Un affrontement idéologique méconnu. Le débat entre Claude Ryan et Jean-Marc Léger sur la position du Devoir au sujet de la question du Québec ». L’Action Nationale, vol. 101, no. 5 (mai 2011), p. 69-92.

Résumé


Au moment même où, en 1967, l’éditorialiste du Devoir Claude Ryan consolidait sa position fédéraliste, une position souverainiste divergente était défendue par un autre éditorialiste de ce quotidien, Jean-Marc Léger. Cet affrontement se conclut par l’exclusion de Léger de l’équipe éditoriale, où le fédéralisme de Ryan devient la ligne de pensée incontestée. Dans ce texte, l’auteur identifie les points précis de divergence entre le fédéralisme de Ryan et le souverainisme de Léger et caractérise l’argumentation déployée par chacun pour étayer sa position. Il cherche ensuite à spécifier le souverainisme de Léger, notamment en dégageant sa correspondance avec celui qu’allait préconiser Lise Bissonnette à la direction de ce quotidien près de vingt-cinq ans plus tard.

GAUTHIER, Gilles. « Comment l’extension de la communication bouleverse l’éthique et l’argumentation ». Communication, vol. 29, no. 1 (2011), 11p.

Résumé


La communication a pris le pas sur l’information comme principal régulateur de la médiation sociale. Le journalisme n’est plus le seul animateur mais un agent parmi d’autres du débat social et sa pratique elle-même est devenue communicationnelle. L’extension de la communication au détriment de l’information entraîne deux glissements. D’une part, elle produit un affaissement de l’éthique au moralisme. D’autre part, elle réduit l’argumentation à la simple expression de conviction. Cette double dérive survient en raison du rapport distinct à la réalité qu’entretiennent l’information et la communication. L’information procède d’un principe réaliste : elle présuppose l’existence antérieure de la réalité sur laquelle elle porte. La communication, elle, procède d’un principe constructiviste : elle instaure une nouvelle réalité.

GAUTHIER, Gilles. « L’objectivité journalistique d’un point de vue philosophique. Critique de l’argument constructiviste de la relativité conceptuelle ». Studies in Communication Sciences, vol. 10, no. 2 (2010), p. 125-145.

GAUTHIER, Gilles. « Le problème du repérage des arguments. Le cas de l’éditorial journalistique ». Communication, vol. 28, no. 1 (2010), p. 71-100.

Résumé


Les deux principales difficultés qui se posent à l’analyse argumentative sont celles du repérage des arguments et de la caractérisation de l’argu­mentation. Le présent article est consacré à la première dans le discours type de l’éditorial. En référence à une définition de l’argument comme articulation d’une proposition et d’une ou de justifications, le problème de son expression est examiné en établissant un parallèle avec l’acte de discours. Est ensuite proposé un test d’opposition permettant de procéder à la localisation des propositions.

GAUTHIER, Gilles. « Le journalisme de communication : expression de conviction et moralisme ». Les Cahiers du Journalisme, no. 21 (2010), p. 254-273.

Résumé


Dans ce texte, l’auteur soutient que le journalisme est une entreprise qui, de par sa nature, a partie liée, formellement ou structurellement, avec la rationalité au double égard du raisonnement et de la moralité. Il soutient ensuite que la pratique journalistique contemporaine tend à échapper, sous ces deux mêmes aspects, à sa norme rationnelle originelle en dérivant vers l’expression de conviction et le moralisme.

GAUTHIER, Gilles. « L’argumentation politique conflictuelle. Le cas du débat sur la question nationale au Québec ». Revue internationale de communication sociale et publique, no. 3-4 (2010), p. 53-66.

Résumé


Une analyse est menée des argumentations souverainiste et fédéraliste sur la question nationale québécoise qui cherche à illustrer les insuffisances de la conception normative de l’argumentation de l’approche pragma-dialectique de Eemeren et Grotendorst. Cette analyse identifie d’abord les triades argumentatives souverainiste (un raisonnement déductif du nationalisme, un argument de responsabilité et un argument de nécessité) et fédéraliste (un raisonnement analogique du supranationalisme, un argument de mérite et un argument d’effet néfaste). Elle fait voir ensuite que ces arguments sont en opposition telle qu’ils ne situent pas dans un cadre d’échange et de coopération mais sont au contraire dans un rapport de confrontation qui fait des protagonistes non pas des partenaires mais des adversaires. À partir de cet exemple, est proposée une conception axiologiquement neutre de l’argumentation.

GAUTHIER, Gilles. « La généalogie de la position fédéraliste de Claude Ryan au Devoir ». Politique et Sociétés, vol. 29. no. 2 (2010), p. 77-95.

Résumé


À ses premières années à la direction du Devoir (1964-1968), Claude Ryan adopte sur la question nationale une attitude ouverte de recherche. Bien qu’adhérant à des a priori fédéralistes, il conçoit comme envisageable et légitime le projet de souveraineté du Québec. C’est seulement au moment où le débat se durcit en s’incarnant dans l’affrontement entre René Lévesque et Pierre Elliot Trudeau que Ryan bascule franchement du côté fédéraliste. Il a cherché, auparavant, à définir la « spécificité du Québec » par des concepts d’égalité et de dualité. Sa reconnaissance du Québec comme société distincte et sa proposition d’un statut particulier s’arc-boutent sur un anationalisme : tenir à l’écart la question de la nation.

GAUTHIER, Gilles. « La discussion éditoriale ». Communication, vol. 26, no. 2 (2008), p. 151-173.

Résumé


Dans ce texte, l’auteur examine l’apport des éditorialistes au débat sur les enjeux sociaux, en analysant la façon dont ils développent et expriment leur jugement sur l’actualité. Pour ce faire, il utilise trois éditoriaux de positions divergentes à propos du projet de loi 25 débattu à l’Assemblée nationale du Québec à l’automne 2003, projet visant à remplacer les régies régionales de la santé par des agences de développement de réseaux locaux chargés de fusionner les centres hospitaliers, les centres locaux de services communautaires (CLSC) et les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHLD).

GAUTHIER, Gilles. « La structure et les fondements de l’argumentation éditoriale ». Les Cahiers du journalisme, no. 17 (2007), p. 322-342.

Résumé


L’article s’intéresse de la structure argumentative éditoriale et de ses fondements, en analysant les éditoriaux des quotidiens Le Devoir et La Presse portant sur leur recommandation de vote aux élection fédérales canadiennes de janvier 2006. Après y avoir repéré les arguments exprimés et leurs interrelations, l’auteur analyse les fondements de ces argumentations et montre comment cette étude des fondements ouvre à une évaluation formelle de l’argumentation.

GAUTHIER, Gilles. « Comment repérer une enthymème ? Essai de définition ». In BROTH, M., FORSGREN, M., NORÉN, C. et SULLET-NYLANDER, F. (eds.). Le français parlé des médias. Actes du colloque de Stockholm 8 -12 juin 2005, Stockholm : Université de Stockholm, 2007. P. 259-271.

GAUTHIER, Gilles. « La prise de position éditoriale. L’exemple de la presse québécoise ». Communication, vol. 25, no. 1 (2006), p. 112-133.

Résumé


L’article s’intéresse à l’argumentation éditoriale. Son objectif est de mesurer, à l’aide de définitions opératoires de l’argument et de l’opinion, la part argumentative dans les positions prises en éditorial dans la presse québécoise. Une procédure de repérage des arguments et opinions est, par la suite, mise au point et appliquée à un corpus d’éditoriaux de quotidiens québécois. Cette analyse révèle des régularités significatives dans les journaux étudiés malgré d’importantes différences entre éditorialistes.

GAUTHIER, Gilles. « L’argumentation sur la question nationale au Québec ». Globe, vol. 9, no. 1 (2006), p. 257-274.

Résumé


L’objectif du texte est de caractériser l’argumentation souverainiste et l’argumentation fédéraliste sur la question nationale au Québec. L’article analyse les constituants de deux triades argumentatives opposées: un raisonnement déductif du nationalisme, un argument de responsabilité et un argument de nécessité, pour le souverainisme; un raisonnement analogique du supranationalisme, un argument de mérite et un argument d’effet néfaste, pour le fédéralisme. Il dégage ensuite quelques considérations qui donnent à penser que l’argumentation fédéraliste a un potentiel persuasif plus élevé que l’argumentation souverainiste.

GAUTHIER, Gilles et Breton, Philippe. Histoire des théories de l’argumentation. Paris : La Découverte, 2011. 128 p.

Résumé


On parle beaucoup aujourd’hui d’« argumentation » et d’« argument » : dans les discussions quotidiennes comme dans les échanges publics ; à propos de désaccords interpersonnels comme dans la publicité, les confrontations politiques et les débats de société. Mais y a-t-il une connaissance un peu organisée de l’argumentation ? Un savoir sur les procédés argumentatifs ? Cet ouvrage a précisément pour objectif d’offrir une synthèse complète du savoir sur l’argumentation. Il présente les différences entre les principales théories de l’argumentation telles qu’elles ont émergées à travers le temps, de l’Antiquité gréco-romaine jusqu’à la période contemporaine en Europe et en Amérique du Nord (beaucoup restent méconnues du public francophone). Ces théories connaissent un renouveau et un regain d’intérêt en raison de l’« explosion » de la communication. L’ouvrage insiste aussi sur leurs enjeux éthiques.

GAUTHIER, Gilles et DESÎLETS, Christian. « L’usage de l’argumentation en publicité ». Communication, vol. 32, no. 2 (2013).

Résumé


Les professionnels de la publicité désignent par les locutions « argument publicitaire » ou « argument de vente » tout aspect du message ayant pour fonction de le livrer avec efficacité. L’a priori des auteurs est que cette conception très large est inadéquate en ce qu’elle ne permet pas de rendre compte de la spécificité de l’argumentation en publicité. Leur objectif est de cerner techniquement ce qu’est un argument publicitaire et, plus largement, l’usage de l’argumentation en publicité. Le corpus étudié est constitué de publicités du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

GOSSELIN, Line. Les journalistes québécoises, 1880-1930. Montréal : RCHTQ [Regroupement des chercheurs en histoire des travailleurs québécois], 1995. Coll. RCHTQ Études et documents. No. 7.

Résumé


L’analyse prosopographique d’un échantillon de 150 femmes présente une vue d’ensemble de la participation féminine à la pratique journalistique entre 1880 et 1930. Cet effectif se distribue inégalement dans le temps et entre les communautés linguistiques. On dénombre 92 femmes dans le métier entre 1926 et 1930 contre seulement 6 entre 1880 et 1885 ; cependant, cette hausse ne suit pas une courbe régulière tout au long de la période, la croissance étant nettement plus forte après la Première Guerre mondiale. Par ailleurs, la participation des anglophones, qui forment environ 60 % de l’échantillon, renforce cette tendance, puisqu’elles sont nettement moins nombreuses que les francophones avant 1915, mais plus nombreuses après cette date. Bien qu’un grand nombre ne s’adonnent au journalisme que sur une base occasionnelle, la majorité de celles pour lesquelles des données sont disponibles en font une carrière. Deux caractéristiques importantes de cette carrière sont la mobilité et la polyvalence. Un grand nombre de femmes oeuvrent dans des périodiques, souvent sous le masque de pseudonymes, et mènent d’autres activités sociales, philanthropiques ou littéraires.

LAVILLE, Camille. Les transformations du journalisme de 1945 à 2010 : le cas des correspondants étrangers de l’AFP. Bruxelles: Éditions De Boeck/Ina éditions, 2010. 224 p.

Résumé


Qu’on les nomme correspondants étrangers, correspondants de guerre, envoyés spéciaux ou grands reporters, ce livre donne la parole à trois générations de journalistes qui ont couvert l’étranger pour le compte de l’Agence France-Presse. Le modèle journalistique de l’AFP étant une référence dans le métier, la production de ses journalistes – notamment à l’étranger où l’AFP dispose d’un large réseau de couverture – mérite une attention toute particulière, d’autant que l’agence reste aujourd’hui encore l’un des principaux pourvoyeurs d’information pour de nombreux médias. Guerre du Vietnam, guerre d’Algérie, coups d’états en Amérique latine, chute du mur de Berlin, attaque du World Trade Center, conflit israélo palestinien, … Ces journalistes ont vécu et raconté sans relâche les grands événements des XXe et XXIe siècles sous le couvert de l’anonymat, l’une des règles de l’AFP. À travers leurs témoignages, l’ouvrage propose une analyse du processus global de transformation du journalisme et de la nature de ces évolutions de 1945 à nos jours en se fondant sur le concept de configuration développé par le sociologue Norbert Elias.L’auteure examine successivement la modification du contexte de production de l’information avec la transformation des techniques de communication, de l’entreprise de presse, de ses clients et l’apparition de nouveaux acteurs médiatiques. Elle présente ensuite l’évolution de l’identité professionnelle et personnelle des journalistes. Enfin, elle analyse les transformations du concept d’information à travers l’évolution des formats et des contenus et celle du modèle journalistique.

LAVILLE, Camille. « Transformations des contenus et du modèle journalistique. La dépêche d’agence ». Réseaux, vol. 25, no. 143 (2007), p.229-262.

Résumé


L’environnement médiatique, l’entreprise de presse et les pratiques journalistiques ont connu un changement de configuration entre 1945 et 2005. La configuration formée par l’environnement médiatique mondial et le jeu des acteurs est passée d’une régulation politique à une régulation commerciale. Cela a entraîné des transformations de la dépêche (contenus élargis, fragmentation des textes, multiplication des analyses). Par ailleurs, au journalisme événementiel privilégiant l’événement à la description du contexte et à l’explication de l’événement succède dans les années quatre-vingt, le journalisme situationnel. Le contexte de surabondance de l’information incite les journalistes à se distinguer de leurs concurrents en ajoutant un élément de distinction à leur production.

LAVILLE, Camille. « Le traitement de l’actualité internationale : avenir… et mirages de l’information planétaire ». Les Cahiers du journalisme, no. 12 (2003), p. 32-41.

Résumé


À l’image de la globalisation politique, la globalisation des médias se traduirait par une transcendance des frontières étatiques. La globalisation est un concept déchiré entre une vision universaliste (un seul monde) et une vision particulariste. Or, la globalisation n’est ni l’un ni l’autre, mais cet « entre-deux-mondes ». Ce texte s’interroge sur le statut de l’information internationale. Doit-on substituer à l’adjectif « international » celui de « global », ou bien la réalité est-elle plus complexe et se traduit-elle par la conjonction de flux d’informations à différentes échelles ?

LEBEL, Jean-Marie. « La presse quotidienne de Québec en 1900, à une croisée de siècles et de monde ». In ROBY, Yves et VOISINE, Nive. Érudition, humanisme et savoir : hommage à Jean Hamelin. Québec : Presses de l’Université Laval, 1996. P. 377-400.

Résumé


En 1900, six quotidiens paraissent dans la ville de Québec. S’il est difficile de savoir ce que les lecteurs cherchent dans ces journaux, il est possible de connaître ce qu’ils y trouvent. Des nouvelles tout d’abord : nouvelles locales ou régionales, regroupées sous des rubriques intitulées, par exemple « News of the City and District », nouvelles de l’étranger, elles aussi en grappe sous une rubrique comme « Échos télégraphiques ». Il comporte aussi des renseignements pratiques comme les mouvements de navires dans le port, les mercuriales, les avis divers (naissances, mariages, décès, etc.). Les commentaires sur l’actualité politique sont généralement publiés en page 2, sous le cartouche du journal. Une partie du journal est consacrée au divertissement : ce sont principalement les nouvelles sportives, les pages spécialisées destinées aux enfants, aux femmes ou à la famille et le roman feuilleton. Le tirage de la plupart de ces quotidiens demeure stagnant quand il n’est pas à la baisse. Le Soleil, qui domine avec un tirage qui atteint les 15 000 exemplaires, cherche à se rapprocher du journalisme populaire qui fait la fortune de La Presse de Montréal. Les entreprises de presse logent dans des édifices conçus pour des boutiques d’artisans ou des marchands. Le matériel de composition et d’impression, le personnel technique et les journalistes, même peu nombreux, sont donc à l’étroit. À leur modeste échelle, par les annonces de plus en plus visibles qui occupent leurs pages, ces journaux servent à mettre en relation les consommateurs québécois avec l’appareil industriel qui prend place en Amérique du Nord.

LECLERC, Gérard. « L’information en direct à la télévision ou comment les journalistes adoptent de nouvelles normes professionnelles ». Les Cahiers du journalisme, no. 8 (décembre 2000), p. 34-43.

Résumé


Le reportage en direct semble en voie de devenir la norme en matière de télévision. L’auteur s’intéresse au rapport entre les normes et les pratiques journalistiques pour tenter de voir comment les journalistes qui produisent des reportages en direct concilient cette pratique avec les normes traditionnelles du système normatif du journalisme. À partir de vingt et une entrevues réalisées dans trois stations de télévision québécoises, l’auteur dégage quatre arguments utilisés par les journalistes pour justifier des pratiques qui s’écartent des normes établies : l’argument de la faute au système, l’argument libertaire (ou l’anti-professionnalisme), l’argument de la désuétude des normes et l’argument du nouveau genre. Les journalistes relativisent ainsi le cadre du système normatif traditionnel en proposant un nouveau contrat de communication avec le téléspectateur.

MARQUIS, Dominique. « « Monsieur le rédacteur,… » ou quand les lecteurs de La Vérité prennent la plume. Analyse d’une correspondance, 1887-1888 ». La lettre et la presse : poétique de l’intime et culture médiatique. Médias 19 (2011).

Résumé


Cet article s’intéresse à la correspondance reçue par Jules-Paul Tardivel, le directeur de l’hebdomadaire québécois ultramontain La Vérité, en 1887 et 1888. Cette correspondance est un observatoire privilégié pour examiner les relations du directeur du journal ultramontain avec ses lecteurs et avec des individus qui partagent généralement ses opinions, à une époque où les ultramontains canadiens-français doivent sinon renoncer, du moins nuancer leur projet d’édification d’une société catholique dans laquelle l’Église serait non seulement la gardienne de la foi, mais serait aussi la gardienne de l’orthodoxie religieuse des gouvernements. L’analyse de cette correspondance permet aussi de mesurer comment les ultracatholiques canadiens-français peuvent, par l’intermédiaire de ce journal, s’inscrire dans la sphère publique et participer aux débats qui animent cette société catholique du tournant du XXe siècle.

MARQUIS, Dominique. « La Revue dominicaine, 1915-1961. Un regard catholique sur une société en mutation ». Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 62, no. 3-4 (hiver-printemps 2009), p. 407-427.

Résumé


Cet article propose une première exploration de la Revue dominicaine. Publiée de 1915 à 1961 par les dominicains de la Province du Canada, cette revue aborde des sujets variés et pose un regard catholique sur différentes manifestations des transformations de la société canadienne-française. De 1915 à 1940, la revue est dirigée par le père Marcolin-Antonio Lamarche. Durant cette période, les questions théologiques et philosophiques occupent une place importante dans la revue et les questions sociopolitiques sont souvent discutées à la lumière de la philosophie thomiste. De 1945 à 1961, le neveu du père Lamarche, le père Antonin Lamarche prend la relève et il donne une nouvelle orientation à la revue. Sans négliger les discussions religieuses et philosophiques, le père Lamarche ouvre davantage les pages de la revue à des auteurs laïques et à des questions sociales et, surtout, culturelles. La revue change alors de visage et tout en conservant une allure élitiste réservée aux gens lettrés, elle devient un véhicule non négligeable des idées qui ont pu contribuer à la modernisation du Québec.

MARQUIS, Dominique. « The Catholic press : a challenge to « the journalism of information » paradigm ». In Communicating in Canada’s Past. Essays in Media History. Toronto: University of Toronto Press, 2009. P. 27-46.

Résumé


This chapter examines the Catholic newspaper L’Action catholique in Quebec from 1907 to the 1930s to understand how the newspaper fit into the emerging commercial era of the daily press. The author compares the Catholic paper to two regular dailies of the period (La Presse and Le Soleil) and finds that L’Action catholique adopted some traits of the mass press in design and content, although it kept its focus on the Church’s news. The newspaper was informational, like the others, but used that information to retain and entice readers who may have been lured away by the informational content of the secular mass press.

MARQUIS, Dominique. « Quand la presse prend la parole ». Actes du colloque Presse, chansons et paroles vives au XIXe siècle (accepté). 2008.

MARQUIS, Dominique. « Nouveau regard sur la genèse de l’édition francophone en Acadie et dans l’Ouest canadien, 1970-1985 ». Francophonies d’Amérique, no. 23-24 (2007), p. 289-307.

Résumé


Le rôle déterminant joué par les maisons d’édition est régulièrement souligné dans des travaux qui s’intéressent à l’identité des francophones hors Québec comme groupe minoritaire. Cet article se concentre sur les principales maisons d’édition francophones en Acadie et dans l’Ouest canadien. En brossant un portrait sommaire de ces maisons, et en ajoutant à l’étude de leur catalogue l’analyse de documents publiés par le gouvernement fédéral, il démontre que la mise sur pied de ces maisons relève autant d’un contexte politique et économique très favorable que d’une volonté d’affirmation culturelle des différents groupes.

MARQUIS, Dominique. « Être journaliste catholique au XXe siècle, un apostolat : les exemples de Jules Dorion et Eugène L’Heureux ». Études d’histoire religieuse, vol. 73 (2007), p. 31-47.

Résumé


Au XXe siècle, les journalistes, catholiques ou non, doivent oeuvrer dans un nouveau type de presse. La grande presse d’information est destinée à un public plus vaste et ceux qui y travaillent doivent suivre de nouvelles règles où l’information prime sur l’opinion s’ils veulent maintenir un certain pouvoir d’attraction sur la population. Le journaliste catholique, souvent associé à un personnage très combatif, a-t-il encore un rôle à jouer si l’opinion cède le pas à l’information? Peut-on être journaliste catholique dans un journal devenu média de masse? Cet article s’intéresse au journalisme catholique du XXe siècle dans la grande presse d’information, plus particulièrement durant la première moitié de ce siècle. Encore considéré comme un apostolat, le journalisme catholique peut prendre plusieurs visages, mais est-il différent de celui exercé au XIXe siècle? Plusieurs individus sont prêts à d’importants sacrifices pour oeuvrer pour cette cause où catholicisme se conjugue souvent avec nationalisme. Une cause qui apparaît toujours aussi importante. Deux exemples illustreront notre propos : Jules Dorion et Eugène L’Heureux. Le premier dirigera durant plus de trente ans le quotidien L’Action catholique, tandis que le second y sera rédacteur en chef, mais exercera aussi son métier de journaliste dans d’autres médias.

MARQUIS, Dominique. « L’édition en Acadie ». In History of the Book in Canada/Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, vol. III. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2007. P. 223-225.

MARQUIS, Dominique. « L’édition dans les provinces de l’Ouest ». In History of the Book in Canada/Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, vol. III. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2007. P. 225-226.

MARQUIS, Dominique. « Les activités éditoriales de la CBC et de Radio-Canada ». In History of the Book in Canada/Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, vol. III. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2007. P. 286-288.

MARQUIS, Dominique. « La presse catholique au Québec ». In History of the Book in Canada/Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, vol. III. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2007. P. 292-294.

MARQUIS, Dominique. « Le Devoir : un produit unique ». Les Cahiers du journalisme, no. 8 (décembre 2000), p. 60-74.

Résumé


Dès le début de son histoire, Le Devoir se présente comme un produit unique en son genre. Trois facteurs contribuent à l’originalité de ce journal: le soutien de l’Église; son mode de financement inédit et une haute conception du journalisme.

MATHIEU, David. Approche cognitive de la compétence journalistique. Québec: Département d’information et de communication, Université Laval, 2003. Coll. Études de communication publique. No 17.

Résumé


L’auteur présente les concepts fondamentaux de l’activité cognitive de traitement de l’information. Pour rendre compte de la compétence journalistique, il y retient la théorie des schémas et les notions d’inférence et d’heuristique qu’il développe ensuite dans le cadre de la théorie de la pertinence. L’existence de schémas communs aux journalistes et leur exploitation routinière dans l’exercice de la pratique professionnelle expliquerait pour une bonne part la dimension cognitive des routines journalistiques permettant de produire rapidement et efficacement leurs textes de nouvelle. Les journalistes entretiennent des schémas, i.e. des représentations typiques, sur les référents qui apparaissent fréquemment dans le discours journalistique (des acteurs, des lieux, etc.) ainsi que des schémas sur l’activité de reportage (l’exploitation des sources d’information, l’entrevue, l’équilibre des points de vue, etc. Ces deux types de schémas se combinent progressivement en un seul, le schéma d’événement, appelé aussi script, qui sert alors à représenter les occurrences qui se répètent fréquemment dans l’environnement et qui présentent un intérêt médiatique évident.

MATHIEU, David. « Fondements cognitifs de la pratique journalistique : quelques concepts de base ». In RIEFFEL, R. et WATINE T. Les mutations du journalisme en France et au Québec. Paris: Éditions Panthéon Assas. P. 27-56.

Résumé


La pratique journalistique, au-delà de ses manifestations sensibles, est essentiellement une activité cognitive qui consiste à traiter de l’information, au sens de stimuli. De ce point de vue, la compétence du journaliste résulte du fait que la pratique journalistique est une activité routinière, aussi bien dans son organisation matérielle qu’intellectuelle. Le journaliste, soumis à des contraintes de temps importantes et à une masse considérable d’information, doit développer des façons économiques de traiter l’information. Dans l’activité cognitive, objet d’étude des sciences cognitives, la théorie des schémas rend compte des routines cognitives des journalistes. Cette théorie propose que l’information émanant de la réalité soit organisée en mémoire selon une structure d’information typique, laquelle permet d’attribuer rapidement et efficacement du sens et une organisation aux stimuli de l’environnement. À l’aide de la théorie de la pertinence, développée par Sperber et Wilson, l’auteur tente une analyse de la compétence journalistique selon trois niveaux d’information contenus dans les schémas des journalistes. Ceux-ci entretiennent deux types de schémas, dits de référents et de reportage, qu’ils développent en fonction d’un usage professionnel afin de rechercher la pertinence journalistique dans les stimuli qu’ils perçoivent. Ces schémas les disposent alors à reconnaître automatiquement les stimuli et les événements d’intérêt médiatique, voire même à les anticiper.

ROY, Fernande. « Les intellectuels canadiens-français du siècle dernier : les journalistes ». In BRUNET, Manon et LANTHIER, Pierre. L’inscription sociale de l’intellectuelle. Québec : Presses de l’Université Laval, 2000. P. 341-350.

Résumé


S’ils ne se définissent pas comme des intellectuels, les journalistes du XIXe siècle n’en jouent pas moins ce rôle, si l’on considère les intellectuels comme « des hommes du culturel mis en situation d’hommes du politique ». Déjà au début du siècle, des « hommes de journaux » défendent des causes politiques et sociales, la liberté d’expression et la démocratie. Étienne Parent, dans Le Canadien, peut à juste titre être considéré comme intellectuel. Dans la seconde partie du siècle, les journaux sont presque tous engagés dans des débats portant sur l’exercice du pouvoir politique ou sur des enjeux sociaux comme la Séparation de l’Église et de l’État, la réforme de l’éducation, etc. Leurs rédacteurs y prennent part systématiquement, et les pressions cléricales ne parviennent pas à tarir la source de ces débats.

ROY, Fernande. « Le journal L’Autorité dans le cadre de la presse libérale montréalaise ». In LAMONDE, Yvan. Combats libéraux au tournant du XXe siècle. Montréal : Fides, 1995a. P. 231-246.

Résumé


Entre 1890 et 1920, plusieurs journaux et revues défendent les idées et les intérêts du Parti libéral au Québec. L’hebdomadaire L’Autorité, fondé en 1913 et disparu en 1955, se présente comme le représentant de la tendance radicale du parti. Toutefois, le contenu de ce libéralisme n’est pas défini dans le périodique sinon par des références à des hommes politiques et penseurs libéraux du passé. Bien qu’elle défende des idées chères aux radicaux comme l’instruction obligatoire, L’Autorité ne manifeste pas l’anticléricalisme qui caractérisait les radicaux du XIXe siècle, et son idéologie se rapproche du libéralisme modéré de l’époque.

ROY, Fernande. « Les valeurs des journalistes et des hommes d’affaires, 75 ans avant la Révolution tranquille ». In MACDONALD, Roderick. Valeurs de l’entreprise québécoise. Montréal : Guérin Universitaire, 1995b. P. 55-80.

Résumé


Au cours des dernières décennies du XIXe siècle, les gens d’affaires canadiens-français participent de plus en plus activement à l’économie québécoise et aux débats qui l’animent. Ils se dotent d’institutions qui servent leurs intérêts et les défendent contre la menace de la classe ouvrière ou la domination des milieux d’affaires anglophones. La Chambre de commerce du district de Montréal et une presse d’affaires vigoureuse font partie de ces institutions. Dans les pages du Moniteur du commerce et du Prix courant et sur les tribunes de la Chambre de commerce, journalistes et hommes d’affaires développent une idéologie fondée sur les valeurs de liberté, d’égalité et de progrès autour de la valeur centrale de propriété privée. L’avancement du Canada français passe par le développement industriel et l’amélioration de l’enseignement pour le rendre plus pratique, dont les milieux d’affaires canadiens-français se font les promoteurs au début du XXe siècle. La crise économique des années 1930 remet en cause les principes hérités du XIXe siècle, mais pour un temps seulement, puisqu’ils seront repris par les politiciens de la génération suivante. Cependant, ce libéralisme apparaît de plus en plus rétrograde à certains journalistes, intellectuels et hommes politiques, pour qui l’État doit jouer un rôle plus important dans l’économie.

ROY, Fernande et DE BONVILLE, Jean. « La recherche sur l’histoire de la presse québécoise : bilan et perspectives ». Recherches sociographiques, vol. 41, no. 1 (janv.-avril 2000), p. 15-51.

Résumé


Un bilan systématique de la recherche en histoire de la presse au Québec fait apparaître le faible développement de l’historiographie sur le sujet. Pour favoriser la recherche sur ce sujet dont l’importance sociale justifie que les historiens s’y intéressent plus activement, les auteurs dressent les grandes lignes d’un programme de recherche sur ce sujet. Ils proposent une histoire sociale de la presse, qui mettrait les acteurs sociaux au centre de l’analyse et qui tiendrait compte de l’« espace médiatique » dans toutes ses dimensions. Les orientations proposées sont regroupées en trois domaines, à savoir la production des messages, par les journalistes et par les entreprises, les messages eux-mêmes, tant sur le plan des contenus rédactionnel et publicitaire que sur celui de leur présentation, et, enfin, la réception de ces messages, qui renvoie au lectorat, mais aussi au rôle et à la liberté de la presse.

ROY, Fernande et SAINT-PIERRE, Jocelyn. « La haute rédaction des quotidiens québécois entre 1850 et 1920 ». In ROBY, Yves et VOISINE, Nive. Érudition, humanisme et savoir : hommage à Jean Hamelin. Québec : Presses de l’Université Laval, 1996. P. 401-423.

Résumé


Entre 1850 et 1920, il est possible d’identifier 169 journalistes appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler la haute rédaction des quotidiens, c’est-à-dire les principaux responsables du contenu du journal, directeur et rédacteur en chef en particulier. Les répertoires biographiques consultés fournissent des renseignements sur 116 d’entre eux, dont on analyse la carrière, selon une approche prosopographique. Pour la plupart diplômés en droit ou, à défaut, ayant terminé le cours classique, ces journalistes ont, dans une importante proportion, occupé des fonctions politiques au cours de leur carrière. Ce personnel forme donc une élite au sein de la société québécoise. En moyenne, les fonctions de direction sont assumées pendant un nombre d’années relativement important, qui a tendance à augmenter, notamment chez les francophones, ce qui laisse croire à une professionnalisation du métier. L’émergence de la presse d’opinion, au tournant du siècle n’entraîne pas de rupture dans le caractère politique du recrutement de cette catégorie de journalistes.

SAINT-PIERRE, Jocelyn. « La chronique parlementaire dans les quotidiens québécois de 1871 à 1921 : partisane ou impartiale ». Communication, vol. 17, no. 2 (1996), p. 189-215.

Résumé


L’analyse de contenu comparée du journal des débats reconstitués et de la correspondance parlementaire d’un groupe de quotidiens montréalais permet de vérifier si cette chronique suit la ligne partisane des journaux dans lesquels elle est publiée. Après étude du style (direct / indirect) des propos rapportés, mesure de l’exhaustivité des textes et prise en considération de l’orientation des commentaires des journalistes, il appert que les correspondants parlementaires rendent compte de manière relativement impartiale des débats de l’Assemblée législative de Québec. Cette situation s’explique en grande partie par les conditions de travail des correspondants. En effet, comme il n’existe pas de compte rendu officiel des débats, les journalistes doivent collectivement consigner l’ensemble des débats. Mais leur petit nombre les oblige à travailler en collaboration, sans égard aux considérations partisanes.

Mémoires et thèses déposés ou en cours

La liste comprend les références des mémoires de maîtrise déposés et des thèses de doctorat soutenues sous la direction d’un professeur membre du Groupe. Les références des mémoires et thèses en cours figurent sous la rubrique Publications et rapports à venir.

Mémoires déposés

CAMPAGNA, Christiane. Le rôle de la presse selon les propriétaires et rédacteurs des journaux montréalais 1830-1880. 1998. 144 p. Mémoire (M. A.), Université du Québec à Montréal.

Résumé


Les journaux québécois du XIXe siècle constituent depuis longtemps une source privilégiée pour l’histoire des idéologies. Si plusieurs études portent sur les journaux et journalistes qui ont marqué ce siècle, on y traite principalement de leurs prises de position politiques et idéologiques. Jusqu’ici, les ouvrages d’histoire de la presse s’attardent le plus souvent au développement du journal d’information et du concept d’objectivité au tournant du XXe siècle. Dans le cas du journal dit d’opinion, on s’est surtout intéressé à ce qui le différencie de ce nouveau type de publication. L’objectif de ce mémoire est de contribuer à une description du journal au milieu du XIXe siècle en s’arrêtant à la perception que ses artisans ont du rôle de la presse. Pour ce faire, on tente de cerner une conception du rôle des journaux partagée par la majorité des fondateurs, au-delà des divergences politiques et idéologiques. Le corpus se compose des prospectus et éditoriaux qui accompagnent la fondation, l’achat ou la relance des périodiques. La démarche de recherche comporte trois parties. Tout d’abord, un portrait de la presse montréalaise et de ses artisans entre 1830 et 1880 est dressé. Ce portrait permet de cerner les principaux types de publications et de fondateurs. Ensuite, on analyse les desseins exprimés par les hommes de presse dans les prospectus en portant un intérêt particulier au rôle que le journal joue dans la société et aux moyens de remplir ce rôle. L’analyse des premiers numéros confirme l’importance accordée à la formation de l’opinion publique, elle met aussi au jour d’autres rôles attribués aux journaux, tels que l’éducation des lecteurs. La dernière partie porte sur les conditions dans lesquelles les hommes de presse tentent d’atteindre leurs objectifs, en particulier les ressources financières et humaines qui leur permettront de remplir leur mandat. Les deux derniers chapitres abordent les valeurs, comme la promotion de projets de société ou l’indépendance face aux partis politiques, qui guident les hommes de presse du XIXe siècle dans la pratique du journalisme.

CHAUSSÉE, Frédéric. Les changements des pratiques journalistiques au Québec à travers l’étude des titres et amorces : La Presse, 1945 et 1995. 1997. 134 p. Mémoire (M. A.), Université Laval.

Résumé


Cette recherche reprend l’hypothèse selon laquelle nous assistons, depuis quelques décennies, au passage d’un modèle de journalisme d’information à un modèle de « journalisme de communication ». Son objectif est de repérer des traces de ces transformations, depuis 1945, dans les règles d’écriture des titres et amorces dans les quotidiens au Québec à partir d’un corpus d’articles du journal La Presse (Montréal) publiés en 1945 et 1995.

CORDIER, Émilie. La métropolisation des grandes villes mondiales comme facteur clé de la réussite économique et culturelle du quotidien gratuit Métro. 2005. 151 f. Mémoire (M.A.), Université Laval.

Résumé


La chaîne internationale de quotidiens gratuits Métro, d’origine suédoise, s’est étendue dans dix-huit pays et quatre-vingt-deux villes en une dizaine d’années. Ce succès a été rendu possible par la mondialisation de l’économie, qui entraîne une normalisation des produits et services offerts dans tous les grands centres urbains à l’échelle internationale ; cette uniformisation de l’offre entraîne à son tour une normalisation des stratégies publicitaires. Le processus de mondialisation touche aussi les industries culturelles de sorte que les habitants des grandes villes se voient aussi proposer des contenus culturels semblables, voire identiques. La convergence de ces phénomènes a permis la mise en marché d’un type de quotidiens quasi-identiques peu importe la localisation géographique des lecteurs auxquels ils s’adressent parce que ceux-ci présentent des profils sociodémographiques et des habitudes de consommation très semblables. Les quotidiens Métro reposent sur un modèle normalisé de journalisme, applicable en principe universellement dans le contexte culturel des grandes villes. Afin de vérifier la force de ce modèle, deux villes dont la population partage une langue commune mais dont les traditions journalistiques sont différentes ont été retenues. Les éditions du quotidien Métro publiées dans ces deux villes, Montréal et Paris, présentent des similitudes de contenu (thèmes, genres, rubriques) et de forme (typographie, mise en page). Dans les deux quotidiens, la répartition du personnel favorise les services de commercialisation et de publicité aux dépens de la rédaction, dont l’effectif est réduit et assigné principalement à des fonctions d’édition plutôt que de reportage. Par-dessus tout, pour prospérer, les deux quotidiens peuvent compter sur plusieurs centaines d’utilisateurs des transports en commun qui consacrent au moins un quart d’heure à leurs déplacements quotidiens pour se rendre au travail ou à l’université et qui, compte tenu de leur âge, de leurs habitudes de vie et de leurs revenus, sont disposés à consommer une panoplie de produits et services universellement accessibles.

DESJARDINS, Lilie. Le journalisme d’enquête : pour la diversité de l’actualité. 2003. 147 p. Mémoire (M.A.), Université Laval.

Résumé


Le mémoire porte sur les déterminants du journalisme d’enquête dans les médias nationaux francophones du Québec. Ces déterminants (conception, facteurs économiques et socioprofessionnels) peuvent influer sur la décision des entreprises de presse et des journalistes de pratiquer l’enquête, mais aussi sur la diversité de l’actualité. Les données de la recherche montrent que le journalisme d’enquête dans ces médias est une pratique multiforme convergeant vers des secteurs d’activité représentés par une forme de pouvoir légal. Aussi, l’incidence des facteurs décisifs (économiques, socioprofessionnels) est plus importante sur les journalistes que sur les entreprises de presse. Ces connaissances et d’autres sur les déterminants du journalisme d’enquête ont permis la formulation de conditions favorisant la diversité de l’information dans l’actualité des médias nationaux francophones du Québec.

DESCHÊNES, Ulric. Analyse de la jurisprudence du Conseil de presse du Québec : L’insoutenable légèreté du discours. 1996. 101 p. Mémoire (M. A.), Université Laval.

Résumé


L’auteur propose une étude des décisions du Conseil de presse du Québec visant à mettre au jour l’équilibre que ce dernier établit entre la liberté et la responsabilité de la presse, sur un ensemble de situations litigieuses. Cette étude comporte deux volets complémentaires, consacrés d’une part à décrire les tendances statistiques et rhétoriques de la jurisprudence et, d’autre part, à expliquer les mécanismes de la résolution des litiges. Les résultats obtenus démontrent que le Conseil se porte vigoureusement à la défense de la liberté de la presse tout en condamnant les abus particuliers des journalistes et des entreprises. Sur le plan rhétorique, le Conseil évite de diminuer la liberté de la presse en proportion des responsabilités qu’il impute à celle-ci, en développant un discours qui présente d’importantes ambiguïtés formelles et conceptuelles.

DUBÉ, Karine. L’évolution des stratégies énonciatives dans les reportages télévisés au Québec de 1970 à 2002. 2004. 139 p. Mémoire (M.A.), Université Laval.

Résumé


L’auteure pose l’hypothèse d’une valorisation de la subjectivité éconciative dans la pratique journalistique contemporaine. À partir de l’analyse d’un corpus de reportages télévisés diffusés entre 1970 et 2002 par les deux principaux réseaux de télévision québécois (TVA et Radio-Canada), elle tente de retracer des indices de cette transformation dans la morphologie des reportages et dans le choix et le traitement des images. On constate alors une lente mais constante accentuation de la subjectivité énonciative dans les reportages. Des plans plus courts et plus nombreux et une plus grande variété dans l’utilisation des sources et des images font des reportages des entités plus complexes, plus construites, davantage scénarisées et dans lesquelles le journaliste affirme plus ouvertement sa présence et sa responsabilité énonciative.

GERVAIS, Michèle. Le rôle des médias dans la formation d’enjeux sociaux. 1999. 97 p. Mémoire (M. A.), Université Laval.

Résumé


Ce mémoire s’inscrit dans les courants de recherche sur le rôle et les effets des médias ainsi qu’à ceux liés à la communication institutionnelle, plus précisément à la gestion des enjeux sociaux. On propose un modèle du cycle de vie des enjeux sociaux à partir duquel le rôle des médias est étudié sous l’hypothèse générale suivante : il y a une évolution du journalisme d’information qui influe sur le rôle des médias dans la formation d’enjeux sociaux. Deux indicateurs ont été retenus : la sollicitation d’informations auprès des personnes privées et la subjectivité des journalistes dans le traitement des informations. L’hypothèse est validée par une analyse comparative de deux séries d’émissions de télévision (Consommateurs avertis et La Facture) diffusées à 20 ans d’intervalle.

GIROUX, Alex. La musique populaire et la contre-culture au Québec (1967-1973) 2015. Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en histoire.

Résumé


La présente étude explore les fonctions sociale et culturelle de la musique populaire et de ses artistes et le phénomène de la contre-culture des années 1960 et 1970. Les revues underground québécoises permettent d’identifier un certain nombre d’artistes ayant contribué à la définition, à l’élaboration et à la diffusion de la contre-culture québécoise. Cette contre-culture s’organise localement à partir de courants d’idées politiques, artistiques et philosophiques venant du Québec et d’ailleurs. Les revues underground qui sont fondées entre 1967 et 1973 témoignent chacune d’une interprétation de ces idées et endossent conséquemment certaines formes artistiques et musicales particulières. La contre-culture qui en découle se définit par le rejet de l’emprise de l’industrie du disque sur la création et la diffusion de la musique, un parti pris pour les démarches artistiques entièrement authentiques et une séparation linguistique assez nette entre les communautés musicales anglophone et francophone. Les artistes entrent dans le cercle contre-culturel de différentes manières. Ils affirment d’abord leur identité québécoise en se réappropriant les symboles et les traditions québécoises et en proposant une libération individuelle et collective aux Québécois et Québécoises. Ils critiquent ensuite l’état du monde et l’immobilisme culturel par un discours et une pratique musicale avant-gardistes. Ils expérimentent différentes formes artistiques jusqu’à, dans certains cas, en inventer de nouvelles. Les artistes, surtout grâce à la musique et la poésie, se donnent les moyens techniques et psychiques d’expérimenter une nouvelle conscience libérée associée à l’amour universel et à la connaissance mystique. Ils vivent la contre-culture de façon communautaire en nourrissant mutuellement leur libération par la création collective, le partage de l’expérience quotidienne en communes et l’ouverture à une communauté localisée par l’implantation de lieu de spectacle, de loisir et de création. La contre-culture musicale se transforme dans les années subséquentes sous le poids d’une nouvelle vague d’artistes et l’implosion des grands ensembles comme l’Infonie et le Ville-Émard Blues Band. L’optimisme, l’urgence de la révolution et l’idéal de groupe s’estompent et l’impératif de la carrière prend davantage d’espace.

GOSSELIN, Line. Les journalistes québécoises, 1880-1930. 1995. 160 p. Mémoire (M. A.), Université du Québec à Montréal.

Résumé


L’analyse prosopographique d’un échantillon de 150 femmes présente une vue d’ensemble de la participation féminine à la pratique journalistique entre 1880 et 1930. Cet effectif se distribue inégalement dans le temps et entre les communautés linguistiques. On dénombre 92 femmes dans le métier entre 1926 et 1930 contre seulement 6 entre 1880 et 1885 ; cependant, cette hausse ne suit pas une courbe régulière tout au long de la période, la croissance étant nettement plus forte après la Première Guerre mondiale. Par ailleurs, la participation des anglophones, qui forment environ 60 % de l’échantillon, renforce cette tendance, puisqu’elles sont nettement moins nombreuses que les francophones avant 1915, mais plus nombreuses après cette date. Bien qu’un grand nombre ne s’adonnent au journalisme que sur une base occasionnelle, la majorité de celles pour lesquelles des données sont disponibles en font une carrière. Deux caractéristiques importantes de cette carrière sont la mobilité et la polyvalence. Un grand nombre de femmes oeuvrent dans des périodiques, souvent sous le masque de pseudonymes, et mènent d’autres activités sociales, philanthropiques ou littéraires.

GUÉRIN, Andréanne. La réaction de l’épiscopat catholique face à la montée de la presse d’information au Québec, 1884-1914. 2006. 158 p. Mémoire (M.A.), Université Laval.

Résumé


Dans le Québec de la fin du XIXe siècle, l’Église catholique règle le rythme de multiples aspects de la vie d’une majorité de la population québécoise. Le clergé, et particulièrement l’épiscopat qui en est la tête dirigeante, constitue plus que jamais une force d’influence très puissante sur la société. Dans le domaine des communications, cette période est marquée par le passage de la presse d’opinion à la presse d’information, alors que le journal se transforme en une véritable entreprise de presse, et que la nouvelle et le sensationnalisme remplacent progressivement le débat d’idées du journal traditionnel. L’émergence d’une nouvelle forme de journal qui est à même d’influencer, pour le meilleur ou pour le pire, une large part de la population catholique du Québec ne laisse pas l’épiscopat indifférent et entraîne une redéfinition des rapports entre les évêques et les éditeurs. En se basant sur l’étude de la correspondance privée des évêques sur le thème de la presse, l’auteure cherche donc à appréhender la nature et les transformations de la relation qu’entretient l’épiscopat avec le monde des journaux dans le contexte de l’industrialisation de la presse.

LAMOTE, Sophie. Étude comparative du journalisme de 1955 avec celui de 2006 dans le quotidien québécois La Presse : le cas du journalisme sportif. 2007. 160 f. Mémoire (M.A.), Université de Sherbrooke.

Résumé


Le mémoire cherche à caractériser certains changements dans le journalisme sportif entre 1955 et 2006 à partir d’un échantillon non représentatif de pages sportives du quotidien La Presse de 1955 et de 2006. L’analyse d’un petit nombre d’articles suggère que le journaliste contemporain ne se contente plus d’une description factuelle de l’événement sportif mais présente une plus grande variété d’aspects de l’événement, comme la vie personnelle ou la psychologie de l’athlète, la situation socio-économique d’un sport, etc. Le texte des articles contient en 2006 plus d’indices d’interaction entre le journaliste et ses lecteurs. Les interpellations, les phrases en suspens, les expressions familières, les métaphores sont plus nombreuses. Le nombre de modalisateurs appréciatifs et de dénominations, en forte hausse, constitue également un indice de changements dans l’interaction entre le journaliste et les lecteurs. Cette tendance suggère que le journaliste cherche plus activement à attirer et à maintenir l’attention du lecteur, notamment en utilisant un vocabulaire familier et imagé. En 1955, le journaliste s’exprime dans un style soutenu ; en 2006, le registre sur lequel se situe le journaliste se rapproche plus de celui de ses lecteurs.

LE CAM, Florence. Les journalistes et Internet : usages et attitudes. Construction d’un questionnaire et entrevues qualitatives de validation. 2000. 153 p. Mémoire (M.A.), Université Laval.

Résumé


Pour les journalistes, Internet est un nouvel outil de communication et de recherche qui pourrait faciliter et transformer leur travail. Il est aussi un produit nouveau alliant l’interactivité, le multimédia et l’instantanéité. Replacé dans le contexte de la diffusion d’une innovation, et envisagé du point de vue de la sociologie des usages, le processus d’appropriation d’Internet par les journalistes de la presse «traditionnelle» peut être envisagé comme une période de tâtonnements. Pour préparer une recherche de plus grande envergure, un outil de collecte de données a été réalisé sous la forme d’un questionnaire écrit à questions fermées, et validé par une série d’entrevues qualitatives de journalistes du quotidien Le Soleil de Québec. Cet outil devra permettre de cerner les usages des services d’Internet par les journalistes, de découvrir les opinions sur ces usages et enfin de percevoir les idées qu’ils se forgent des changements à venir dans leur métier et dans la presse écrite en général.

LECLERC, Gérard. Les répercussions de l’information en direct à la télévision sur les normes journalistiques. 2000. 110 p. Mémoire (M. A.), Université Laval.

Résumé


Grâce au reportage en direct, l’information va maintenant aussi vite que l’événement, quand elle ne le devance pas. Cependant, en raison de la vitesse qui entoure la diffusion du reportage en direct, les journalistes doivent faire leur travail différemment parce que la simultanéité du procédé a modifié certaines règles, notamment en matière de collecte et de vérification des informations. D’où le recours à différents types d’arguments pour tenter de combler les écarts par rapport aux normes établies, pour expliquer ou justifier certaines « actions déviantes » qu’entraîne le direct. Ces arguments permettent aux journalistes de présenter de nouvelles normes plus « acceptables » conformes aux contraintes inhérentes au procédé. Les journalistes relativisent ainsi le système normatif traditionnel en proposant un nouveau contrat de communication qui prend en considération les pratiques du reportage en direct comme référence.

MARCOTTE, Philippe . Le discours de légitimation des journalistes québécois : l’idéologie à l’œuvre. 2008. 113 p. Mémoire (M.A.), Université Laval.

Résumé


Ce mémoire porte sur les mécanismes normatifs aptes à légitimer une pratique journalistique changeante, et à la maintenir ainsi cohérente aux yeux de ses acteurs. Plus spécifiquement, il s’agit de mettre au jour les mécanismes par lesquels les journalistes cherchent à arrimer leur pratique à des valeurs et des principes proprement journalistiques. En recourrant au concept d’idéologie, tel que développé par Fernand Dumont, et aux théories de Jean Charron et Jean de Bonville, ce mémoire montre que les journalistes tendent à légitimer le changement en journalisme en ayant recours à des normes journalistiques qui, elles, ne semblent pas avoir changé. Le travail de l’idéologie apparaît de la sorte dans la redéfinition et la réinterprétation des normes. Parallèlement, ce mémoire révèle la présence, chez les journalistes québécois, de deux idéologies opposées, l’une enthousiaste face au changement qui a cours actuellement dans le journalisme, et l’autre réfractaire à ce changement.

MATHIEU, David. Approche cognitive de la compétence journalistique : théorie des schémas et théorie de la pertinence. 2001. 161 p. Mémoire (M. A.), Université Laval.

Résumé


Cette recherche exploratoire vise à comprendre, à partir de l’observation des journalistes dans leur milieu de travail, les processus cognitifs spécifiques au journalisme qui sont à l’oeuvre dans la production routinière d’articles de presse de même que les fondements de la compétence cognitive des journalistes. Après un bref historique de l’approche des cognitions sociales, l’auteur présente les concepts fondamentaux de l’activité de traitement de l’information : la mémoire, les représentations cognitives et les processus cognitifs. À la suite de cet examen, l’auteur retient la théorie des schémas et les notions d’inférence et d’heuristique pour rendre compte des routines cognitives des journalistes. Afin d’analyser la compétence journalistique, il propose un cadre théorique, inspiré de la théorie cognitive de la pertinence de Sperber et Wilson, selon lequel le développement des schémas spécifiques au journalisme est guidé par la recherche de la pertinence journalistique de l’information. L’analyse du cadre théorique, à partir des données de l’observation, permet d’illustrer les notions de schémas de référents, de reportage et d’événements, la notion d’heuristique et l’utilité de la théorie de la pertinence. L’auteur conclut que les schémas des journalistes, élaborés en fonction d’un usage professionnel, les disposent à reconnaître automatiquement les stimuli et les événements d’intérêt médiatique, voire à les anticiper.

TEYSSIER, Grégoire. La distribution postale de la presse périodique québécoise : 1851-1911. 1996. 165 p. Mémoire (M. A.), Université Laval.

Résumé


Le journal est un produit périssable par nature, qui doit atteindre physiquement son lectorat à l’intérieur d’un délai critique, qui correspond à sa périodicité. En cela, la fréquence, la rapidité et la régularité des transports constituent autant d’éléments susceptibles de conditionner la lecture, en régions, de journaux à périodicité de plus en plus resserrée, en particulier celle du quotidien de masse qui émerge à la fin du XIXe siècle, et dont la finalité consiste à toucher le plus large public. Or, au Québec, entre 1851 et 1911, la distribution du journal à l’extérieur des lieux de publication est, généralement, tributaire d’un service postal monopolisé. Bien que cette dépendance de la presse à l’égard de la poste varie selon les époques, les types de journaux, les lieux d’édition et les publics visés, l’auteur cherche à établir les limites au-delà desquelles la poste cesse de transporter la presse. Il observe que, dans l’ensemble du Québec, le développement de la poste précède celui de la presse et constate que l’évolution du service postal en ce qui concerne son expansion géographique et le resserrement chronologique de sa livraison ne semble pas constituer, du moins dès la fin du XIXe siècle, un obstacle à la pénétration de la presse quotidienne en région. D’autre part, si les mesures de tarification et les règles d’acheminement connexes semblent n’avoir eu que peu d’influence sur le lectorat lui-même, il demeure qu’elles ont pu constituer, pour les éditeurs des principaux quotidiens de l’époque, des obstacles au développement de leurs entreprises. Elles expliqueraient, du moins en partie, que ces derniers aient développé leurs propres moyens de distribution.

Thèses déposées

BRIN, Colette. La télévision publique en campagne : analyse de la mise en oeuvre du plan de couverture électorale de Radio-Canada, 1997-1998. 2002. xii, 331 p. Thèse (Ph. D.), Université Laval.

Résumé


À l’occasion des élections fédérales canadiennes de 1997, la direction de l’information de Radio-Canada a proposé un plan de couverture qui se voulait innovateur. En réduisant la part des ressources consacrées aux chefs des partis politiques et en consacrant plus d’efforts à intégrer les citoyens aux reportages, la télévision publique se fixait comme objectif normatif de traiter les élections comme un débat démocratique plutôt que comme une course à la victoire. Ce projet, inspiré du mouvement américain du journalisme civique ou public, s’est heurté à des résistances internes, particulièrement chez les journalistes politiques, pour qui le cadre de représentation de la course présente des avantages dans les interactions avec les acteurs politiques et avec leurs collègues. L’analyse stratégique des relations de pouvoir au sein de la salle des nouvelles suggère que le plan de couverture confère une influence significative aux journalistes économiques et fragilise l’expertise traditionnelle des journalistes politiques en contexte électoral. Par ailleurs, les résultats d’une analyse des contenus électoraux dans cinq émissions d’information de la télévision publique – tant au réseau généraliste SRC qu’à la chaîne d’informations continues RDI – révèlent une application différenciée de la dimension du plan de couverture, plus fidèle aux émissions d’affaires publiques (magazines) qu’aux nouvelles. Enfin, la comparaison des contenus de l’élection de 1997 à ceux de la campagne québécoise de 1998, qui s’annonçait comme un véritable « combat de chefs », ne révèle pas de différence significative quant au cadre dominant (course/débat démocratique), ce qui peut être interprété comme une assimilation partielle du plan de 1997 dans les pratiques conventionnelles d’information électorale.

DESCHÊNES, Ulric. L’espace public américain : la presse et la politique au passage à la postmodernité. 2005. 294p. Thèse (Ph.D.), Université Laval.

Résumé


Cette thèse propose une exploration théorique et historique de l’espace public américain visant à retracer les manifestations significatives de la postmodernité. Habermas élabora le modèle normatif de l’espace public bourgeois en l’attachant au principe transcendantal de Publicité qui, chez Kant, s’avère la plus puissante expression de l’idéologie rationaliste et universaliste de la modernité. Son analyse souffre toutefois d’une ambiguïté. Si Habermas situa l’émergence d’un public faisant usage de sa raison en Europe, c’est aux États-Unis qu’il repéra la subversion de cet usage par la presse commerciale, par la publicité, par les relations publiques, par les médias de masse et par les sondages d’opinion, qui auraient parachevé la « dissolution » psycho-sociologique de l’opinion publique. Ceci tient à la relation ambiguë de l’expérience américaine elle-même avec la modernité. En s’appuyant sur des travaux tirés de la philosophie, de la science politique, de la sociologie et des champs disciplinaires pertinents(médias, presse, journalisme, communication et relations publiques), la thèse dégage les principaux traits d’un espace public spécifiquement américain. La démarche associe l’interprétation théorique avec la description historique, conformément à l’orientation prise à l’origine par Habermas. La distance avec ses écrits plus récents s’avère toutefois grande. Alors que celui-ci s’applique à refonder le projet moderne d’une émancipation par la raison sur une raison communicationnelle inscrite dans une philosophie de l’intersubjectivité, la théorie macro-sociologique de Michel Freitag sert à révéler l’extension sous-jacente d’un nouveau mode de régulation des pratiques sociales et de reproduction de la société associé à une ‘post’-modernité, dans ce sens relationnel du terme. La conclusion défend l’hypothèse voulant que l’Amérique s’engage dès le début dans un mouvement de sortie de la modernité ou, plus précisément, emprunte une voie divergente en fixant ses fondements dans le libéralisme. Ainsi, à défaut de la conception républicaine du dépassement des conflits subjectifs par la « moralité objective » de l’État, la société américaine prend plus directement et plus rapidement l’apparence postmoderne d’un simple système d’interaction entre des puissances empiriques.

LAVILLE, Camille. Les transformations de la pratique journalistique : le cas des correspondants étrangers de l’Agence France presse de 1945 à 2005. 2006. 353 p. Thèse (Ph. D.), Université Laval et Université de Paris 8.

Résumé


L’environnement médiatique, l’entreprise de presse (l’AFP) et les pratiques journalistiques ont connu un changement de configuration entre 1945 et 2005. La configuration formée par l’environnement médiatique mondial et le jeu des acteurs est passé d’une régulation politique à une régulation commerciale. Cela entraîne des transformations de la dépêche : éventail élargi des contenus, fragmentation des textes, multiplication des analyses. Les acteurs entretiennent des rapports d’interdépendance, les pratiques des agenciers sont marquées par une forte réflexivité. Les défis du journaliste : conquête permanente de sa clientèle, distinction et dépassement de ses concurrents, diversité du traitement de l’événement et recherche perpétuelle de l’approbation de sa hiérarchie. La conception de l’information évolue, passant de bien public à bien marchand ; si les anciens journalistes affichaient une position de magistère, la génération actuelle adopte un comportement plus individualiste.

SAINT-PIERRE, Jocelyn. Les chroniqueurs parlementaires, membres de la tribune de la presse de l’assemblée législative de Québec : 1871-1921. 1993. 755 p. Thèse (Ph. D.), Université Laval.

Résumé


Cette étude poursuit un double objectif. Le premier est de brosser le portrait du chroniqueur parlementaire membre de la Tribune de la presse de l’Assemblée législative, entre 1871 et 1921, d’analyser le produit de son travail, la chronique parlementaire publiée dans les principaux quotidiens québécois et d’expliquer le fonctionnement de la Tribune de la presse. Les quatre premiers chapitres sont orientés vers cet objectif. Le premier chapitre décrit le contexte dans lequel se meut le correspondant. Dans le deuxième chapitre, l’auteur fait état des conditions des correspondants parlementaires à la même époque en Angleterre, en France et aux États-Unis, et explique ensuite la manière dont les débats sont rapportés au Québec avant la période étudiée. Le chapitre 3 présente une étude socio-économique des membres de la Tribune de la presse, en traitant de leur origine sociale, de leur formation, de leur parcours professionnel et de leurs conditions de travail. Le chapitre 4 s’attache à décrire le processus de cueillette de l’information, de rédaction et de transmission de la chronique. Le second objectif de la thèse consiste à vérifier l’hypothèse suivante : les chroniqueurs parlementaires s’acquittent de leur tâche de manière relativement homogène sans égard à l’orientation politique du journal auquel ils destinent leur chronique. Cette hypothèse a été confirmée dans le dernier chapitre consacré à une étude de contenu de la chronique parlementaire comparée au journal des débats reconstitué. si l’on considère la manière de rapporter les débats, il appert que les journalistes parlementaires rendent compte de façon satisfaisante des discours prononcés à l’Assemblée législative. Sans être exhaustive, la chronique parlementaire rend justice aux intervenants ; elle est neutre et porte sur le sujet de l’intervention ; elle est en outre généralement rédigée en style indirect. Une certaine spécialisation de la presse selon les sujets, de légères différences à l’égard de la langue, une utilisation quelquefois partisane du style et de rares commentaires partisans ont été observés, mais dans l’ensemble il n’y a pas de déformation grossière des paroles des députés.